C’est son enfance que nous conte Hugo Hamilton dans "Sang impur", récit qui se déroule dans le Dublin des années 50 et 60. La famille du jeune Hugo n’est pas comme les autres. Sa mère est allemande, et son père, irlandais "pur et dur", partisan fanatique du 100% gaélique, ne tolère pas qu’un seul mot d’anglais soit prononcé sous son toit.
Leurs origines maternelles valent aux petits Hamilton brimades, coups et injures de la part des autres enfants : la seconde guerre mondiale n’est pas loin, et les amalgames sont faciles… amer constat pour Irmgard, la mère du foyer, dont la famille a toujours manifesté sa désapprobation vis-à-vis d’Hitler et du régime nazi. C’est une femme peu ordinaire et très attachante, cette Irmgard, qui exhorte ses enfants à ne pas être des "gens du poing", à répondre à la violence par le "non silencieux". Conciliante et tendre, toujours positive en dépit du mal du pays et de difficiles souvenirs qui parfois la rongent, elle est la parfaite représentation de la douceur maternelle, qui contrebalance l’intransigeance et la dureté du père.
Ce qui m’a paru intéressant dans ce roman, c’est que l’on devine, à travers le récit des souvenirs que l’auteur égrène avec une simplicité toute enfantine, le terreau dans lequel sa future personnalité d’adulte pourra planter ses racines. Un terreau davantage enrichi par son héritage familial multiculturel que par un éventuel sentiment d’appartenance à une nation ou une communauté.
"Peut-être que votre pays, c’est juste un endroit que vous vous fabriquez dans votre tête. Un truc qui vous fait rêver et chanter. Ce n’est peut-être pas du tout un endroit sur la carte, mais juste une histoire pleine de gens que vous rencontrez et de coins où vous allez, pleine de livres et de films que vous avez vus".
La langue que l’on parle, le lieu où l’on vit n’ont effectivement sans doute pas tant d’importance… Ce qui compte, c’est de parvenir à grandir, malgré ou grâce à ce qui vous a été transmis, de façon consciente ou pas, et pouvoir, un jour, se dire que vous pardonnez à vos parents leurs erreurs et leurs maladresses. C'est en tout cas le constat qui m'a semblé découler de l'analyse qu'effectue l'auteur, avec le recul et la maturité, sur les rapports entretenus notamment avec son père. J'ai ressenti à la fois son amertume (qui vire parfois au sarcasme) vis-à-vis du comportement paternel, mais aussi son affection pour cet homme buté, investi dans des projets échouant presque toujours, mais fier d'assumer ses différences.
Ce fut donc une lecture plutôt agréable, et pourtant, je ne crois pas que je garderai un souvenir impérissable de ce roman, auquel j’ai trouvé quelques longueurs, et dont certains passages m’ont semblé répétitifs.
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