Après le plaisir que m'a procuré la lecture de "Vu", je n'ai pu résister longtemps à l'envie de me replonger dans un roman de Serge Joncour. Malheureusement, je dois avouer d'emblée avoir été déçue, cette fois. Il est vrai que plus les attentes sont grandes, plus le risque d'une déconvenue l'est aussi... Disons que je n'ai pas retrouvé dans "U.V." ce qui dans "Vu" m'avait tant réjouie, cet humour presque enfantin, cette lucidité candide, amenés il est vrai par le fait que le narrateur était un jeune garçon.
Ici, Serge Joncour introduit dans la tranquille et routinière existence d'un groupe de vacanciers un élément perturbateur, qui va révéler les angoisses des uns et exciter les fantasmes des autres.
Cet élément perturbateur, c'est Boris, qui arrive un beau jour dans la villa d'été que possèdent la famille de Philip sur l'île de Bréhat. Boris se présente comme un ami de pensionnat de ce dernier. Philip n'est pas encore sur les lieux, mais comme il a coutume d'organiser à chaque 14 juillet un feu d'artifice, son arrivée est probablement imminente. En attendant, le jeune homme est invité à rester. Boris est beau, bronzé, et surtout il manifeste cette assurance nonchalante qui séduit d'emblée... Les deux soeurs de Philip, Vanessa et Julie, sont conquises, tout comme ses parents, et notamment son père, heureux d'entendre enfin des propos élogieux sur ce fils prodigue dont l'insouciance et l'immaturité l'ont inquiété plus qu'à son tour.
Seul André-Pierre, le mari de Vanessa, ne tombe pas sous le charme de l'intrus. Méfiant et jaloux, il subodore que ce dernier n'est pas vraiment celui qu'il prétend...
Rien à dire sur l'écriture impeccable de Serge Joncour. De même, son histoire me semblait a priori être un bon point de départ, propice à installer une ambiance lourde et une tension grandissante. Certes, il utilise l'arrivée de Boris pour révéler la vulnérabilité de ses personnages, tout comme il suscite les interrogations liées au mystère de sa présence, mais j'ai trouvé pour ma part qu'il n'exploitait pas suffisamment tous ces éléments ; les personnalités de ses protagonistes ne sont pas vraiment développées, la fin arrive trop vite et m'a semblée trop obscure.
Je ne me décourage pas, je lirai encore Serge Joncour, parce que "In vivo" et "Vu" resteront dans ma mémoire des romans assez magiques pour occulter le souvenir de celui-là...
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