La quatrième, ainsi que la couverture ténébreuse, pourraient faire croire à un genre de thriller sanglant... Certains ont donc dû être déçus, mais moi j'ai au contraire été ravie de trouver là un thriller psychologique, où les actes criminels ne sont pas intéressants en eux-mêmes, mais pour la terrible ambiance dont ils sont les déclencheurs.
De toutes façons, le roman commence ainsi : "La neige fondait dans la montagne et Bunny était mort depuis plusieurs semaines quand nous avons fini par comprendre la gravité de notre situation". Pas de surprise, donc : on sait qui est la victime. Je suis toujours intriguée par cette "technique à la Colombo" : comment l'auteur va-t-il pouvoir soutenir mon intérêt tout au long de ces centaines de pages alors même qu'on connaît déjà une partie du drame? Justement : ce qui est intéressant, ce n'est pas l'événement dramatique, mais les personnages, leur évolution, le monde dans lequel ils évoluent...
Richard, le narrateur, est un peu à mi-chemin entre le monde dans lequel il va plonger et le nôtre, celui des lecteurs qui découvrent l'histoire de loin. Il s'immisce dans un clan, fermé, hermétique à tout le reste : rien ne vaut que l'esprit grec antique. Il va comprendre peu à peu que l'hellénisme, ce ne sont pas que de séduisants aphorismes et des déclinaisons prises de chou...
Donna Tartt est vraiment forte, car ces jeunes gens sont tout de même des meurtriers... Mais Bunny est plus que détestable, j'en étais presque soulagée lorsqu'il est mort... Et Henri est si fascinant... Les jumeaux ont l'air de braves jeunes gens... On finirait presque par leur trouver des excuses, c'est horrible!!
J'ai lu que certains avaient ressenti des longueurs à la lecture de certains passages ; je n'ai pas eu cette même impression. Pour moi, le passage de l'enterrement de Bunny (toujours pas spoil, rappelez-vous : on sait qu'il va mourir dès la première page!) se devait d'être ainsi pénible. Le mal être à la lecture m'a semblé faire écho à l'ambiance terriblement pesante que devaient ressentir les personnages, comme pour que nous le vivions de la même façon qu'eux.
Je ne sais pas si une histoire similaire dans un autre département de la fac m'aurait autant plu. Les langues anciennes me fascinent, alors ceux qui les maîtrisent comme Julian ou Henry me subjuguent... En tout cas, j'ai été délicieusement plongée dans cette sombre version du roman initiatique.
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