Voilà un auteur que j’ai mis du temps à lire : pour une raison obscure, j’avais longtemps flairé de loin « Le soleil des Scorta » (prix Goncourt 2004) avec suspicion et interrogation. Il aura fallu qu'il sorte en livre de poche pour que je me décide enfin à l'approcher d'un peu plus près. Et quelle belle surprise ce fut! J’ai adoré ce roman, qui a su me toucher et m’émouvoir, au point de verser ma petite larme à la fin du récit.
C’est donc avec beaucoup plus d’assurance que je me suis jetée sur son petit dernier, qui est d’ailleurs mon premier achat de cette rentrée littéraire. Et la magie fut à nouveau au rendez-vous ! Les thèmes abordés par Laurent Gaudé me touchent décidemment beaucoup : la mort, le deuil impossible, la frontière poreuse entre la vie et la mort, le voyage impensable, l’invraisemblable devenu réalité. Ce roman flirte quelque peu avec le fantastique, ce qui pourrait rebuter certains lecteurs peu friands de ce genre. Quant à moi, je me suis laissée porter avec délice par l’écriture de Laurent Gaudé : parfois violente, souvent douloureuse mais tellement juste aussi, sans mièvrerie ni apitoiement, malgré le sujet délicat qu’est la mort d’un enfant.
Quand les morts continuent de vivre en nous : « Croyez-moi. Les morts vivent. Ils nous font faire des choses. Ils influent sur nos décisions. Ils nous forcent. Nous façonnent ».
Quand les morts emportent un peu de nous-mêmes : « Chaque deuil nous tue. Nous en avons tous fait l’expérience. Il y a une joie, une fraîcheur qui s’estompent au fur et à mesure que les deuils s’accumulent… Nous mourons chaque fois un peu plus en perdant ceux qui nous entourent ».
Des sentiments forts portés par une écriture âpre sur un sujet qui nous concerne tous, « La porte des enfers » est le roman de l’impossible ou la transfiguration de ce qui est par définition définitif et immuable.
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