[Perramus, tome 1 : Le Pilote de l'oubli - Perramus, tome 2 : L'Ame de la cité | Juan Sasturain, Alberto Breccia]
J'ai toujours eu une attention particulière envers la littérature sud-américaine : Borgès, Bioy Casares, Sabato, Neruda... Et aussi un intérêt envers la BD de cette origine (qui est liée à la BD italienne), notamment Alberto Breccia. Chez lui, j'étais habitué aux scénarios fantastiques soit en adaptation (Lovecraft, contes européens) soit avec Hector Oesterheld (L'éternaute, Mort Cinder). Mais la série Perramus qui commence avec les deux tomes réunis ici ne l'est pas du tout. Dans ce travail avec le scénariste Juan Sasturain, on est plus proche de la littérature du réel argentine (voir Ernesto Sabato) avec un discours de l'absurde sans être excessif.
L'être humain est au coeur d'une dénonciation de la dictature des "Maréchaux" : inquiétude, cauchemars, faillibilité des héros, trahison, identité sont des thèmes évités par les hommes politiques dans ces contextes d'oppression et de terreur. Le dessin de Breccia, de noir et blanc, mêlant l'encre le fusain et les collages valorise magistralement l'histoire et surtout le propos en caricaturant les maréchaux, les militaires, et les intellectuels "sérieux".
On peut passer un moment à savourer une planche, si on aime cette recherche esthétique. Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans une histoire touffue, avec un personnage central complexe, rapidement j'ai compris les choix et les orientations de l'auteur : il s'agit en fait d'une succession de nouvelles qui ne sont pas forcément liées dans le premier tome (ce sont donc plutôt des tableaux particuliers), alors que le second tome est une unité avec un début et une fin. Le ton est plus léger dans la deuxième partie et donc plus facile à suivre. Il y a encore deux tomes, plus importants, après ceux-ci.
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