La servante écarlate est un roman féministe d’anticipation. La pollution, les explosions d’usines atomiques, les radiations et une souche mutante de syphilis ont eu raison de la fertilité humaine. Peu de femmes tombent encore enceintes, et celles qui le sont ont une chance sur quatre d'accoucher d’un enfant normalement constitué.
Ces conditions de dénatalité constitueront le terreau fertile à l’instauration d’une République Ultra Conservatrice qui n’a rien à envier aux sociétés intégristes. Les femmes en âge de procréer ne sont plus que des matrices mises à la disposition de hauts placés appelés « les commandants » : ce sont « les servantes écarlates ». Toutes de rouge vêtues à l’exception des voiles blancs de leurs cornettes, elles accomplissent leurs tâches comme des somnambules.
Citation:
« Je ne peux éviter de voir, à présent, le petit tatouage sur ma cheville. Quatre chiffres et un œil, un passeport à l’inverse. Il est censé garantir que je ne pourrai jamais me fondre définitivement dans un autre paysage. Je suis trop importante, trop rare pour cela. Je suis une ressource nationale. »
A leurs côtés, nous retrouvons les Tantes, sortes de sœurs/éducatrices de centres d’éducation des servantes écarlates ; les Epouses officielles des Commandants sans oublier les Marthas, ménagères et cuisinières de la maison.
Defred est l’une de ces servantes écarlates. La peur et l'angoisse générée par les craintes de répression ne lui font pas oublier le temps « d’avant » où les femmes avaient le droit de lire, d’avoir un nom, un travail, de l’argent et où l’amour avait encore le droit d’exister.
Citation:
« Il nous est interdit de nous trouver en tête à tête avec les Commandants. Notre fonction est la reproduction ; nous ne sommes pas des concubines, des geishas ni des courtisanes. Au contraire : tout a été fait pour nous éliminer de ces catégories. Rien en nous ne doit séduire, aucune latitude n’est autorisée pour que fleurissent des désirs secrets, nulle faveur particulière ne doit être extorquées par des cajoleries, ni de part ni d’autre ; l’amour ne doit trouver aucune prise. Nous sommes des utérus à deux pattes, un point c’est tout : vases sacrés, calices ambulants. »
Margaret Atwood nous décrit cette société fondamentaliste avec des mots simples mais qui sonnent tellement justes que nous avons l’impression d’y être en compagnie de Defred : autodafés, pendaisons publiques, peur de la délation et l’extrême solitude que lui confère son statut de femme-matrice ne peuvent nous laisser de marbre. La servante écarlate est un roman qui lorgne du côté de 1984 de George Orwell. Terrifiant et glaçant à la fois. Un roman qui gagne à être connu !
Remarque : La servante écarlate ("The Handmaid's Tale") a été adapté au cinéma en 1990 par Volker Schlöndorff avec Natasha Richardson, Robert Duvall et Elizabeth McGovern.
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