[Les Arpenteurs du monde | Daniel Kehlmann, Juliette Aubert (Traducteur)]
Mon commentaire :
Écriture claire, assaisonnée de dialogues brefs fondus dans le courant limpide de ce récit bien documenté.
Kehlmann distille son sens de la formule au gré des anecdotes quelque peu ironiques. Il raconte l'histoire d'hommes particulièrement originaux pour susciter l'intérêt du lecteur ouvert aux extravagances.
« Dès lors que l'on a peur d'une chose, il est judicieux de la mesurer ». Voilà posé le thème du roman, car « la crainte devant l'inconnu limite notre courage ou le transcende ».
Le sujet principal demande à l'auteur, une recherche conséquente abordant des sujets pointus comme les mathématiques, l'astronomie, l'histoire, la géographie. Il s'est plongé dans les archives volumineuses, diverses et multiples.
Tout l'art du chercheur est de synthétiser ses trouvailles au point de ne pas laisser paraître son travail de fond, et surtout de les mixer à la sauce pédagogue pour séduire son lectorat.
Défaut de jeunesse ? Manquement à l'humilité des âmes simples, Kehlmann commence son livre en étalant outrageusement sa culture par l'entremise de multiples références ennuyeuses à souhait. (J’ai bien précisé : dans le premier chapitre)
L'apprentissage des hommes passe par l'effacement de soi-même, se rendant ainsi, disponible, à l'écoute des autres. Le nombre de livres cité est relativement important.
Son écriture ressemble à une nécessité de joncher le récit, à intervalles réguliers, de références livresques. Je ne vais pas ici vous affliger l'énumération. Ou alors, c'est une manière sournoise (genre clin d'oeil) d'arpenter son écriture.
Dès lors que Kehlmann nous entraine dans son aventure, libéré de toute contrainte, il exulte.
Agréable à suivre, le récit est source de découvertes.
Que faut-il entendre par la réflexion de Humbold page 219 qui critique ouvertement les artistes ? :
« ...des romans qui se perdaient en fabulations mensongères parce que leur auteur associait les idées
saugrenues aux noms des personnages historiques... » propos renforcé par l'acquiescement de son interlocuteur « Répugnant dit Gauss ! ».
Kehlmann serait-il assez subtil, pour réaliser sa propre auto-critique ? Je le pense. Ce qui conforte mon impression d'avoir lu le roman d'un grand écrivain.
Un joli mot pour finir : « quelques encouragements aide plus que tous les reproches du monde. Il ne faut pas trop être sévère parfois ».
Décidément le réalisme de Kehlmann me plait.
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