Les belles choses que porte le ciel
traduit de l'américain par Anne Wicke
Editions Albin Michel
Ils sont trois, qui se réunissent régulièrement , trois exilés africains . L'un est kényan , Kenneth, le deuxième vient du Congo, c'est Joseph. C'est Joseph qui relit en permanence ses notes de cours et des passages de l'Enfer de Dante:
Par un pertuis rond je vis apparaître
Les belles choses que porte le ciel
Nous avançâmes, et une fois encore, vîmes les étoiles.
Et Joseph écrit des poèmes aussi, pour parler de son pays:
" Ces poèmes,disait-il, sont comme La Divine Comédie, sauf qu'il n'y a pas de paradis. Ils commencent en enfer, ils en sortent juste pour un temps, avant d'y retourner."
Et puis, il y a Stéphanos. Qui est parti d'Ethiopie avec les bijoux de la famille, et arrivé en Amérique, il ne lui restait plus que les boutons de manchette de son père. Stéphanos, c'est son histoire qu'il raconte, à la première personne.
Stéphanos le sait, on ne parle jamais si bien des choses tristes qu'avec un petit sourire, une certaine légereté due au recul, de la pudeur et de la dignité. Et on peut dire qu'il n'en manque pas.
Tous les trois, quand ils se rencontrent, jouent à un jeu, toujours le même, citer au hasard un pays africain, leurs dirigeants successifs, et leurs divers coups d'états..
Coups d'états qui ont fait fuir des Stephanos, des Kenneth et des Joseph , qui, ils le savent, ne reverront jamais leur famille. Ou ce qu'il en reste. Et qui végètent dans un autre pays en observant tout ce qui leur échappe...Qui vivent en suspension entre deux mondes, vivent et meurent seuls comme l'écrit Mengestu.
Bouleversant.
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