Période seconde guerre mondiale, ou juste après (jusqu'en 1947) à Londres. 3 portraits de femmes, qui vont se croiser, interférer dans la vie des autres, au coeur des conflits, d'une ville soumise au rationnement, aux bombardements.

Ce qu'il y a d'intéressant dans ce roman par rapport aux autres, c'est que cette fois ce n'est pas principalement centrer sur les relations entre les personnages. Même si Sarah Waters attache toujours beaucoup d'importance à nous détailler les méandres psychologiques de ses personnages, ce roman prend plus d'ampleur grâce à l'aspect historique. On découvre des êtres en proie à des évènements qu'ils ne contrôlent pas, à la peur du lendemain, aux privations.
Sans en faire un roman lourd sur la guerre, Waters en fait un roman qui décrit le quotidien des femmes pendant ces périodes de conflits où elles doivent continuer à vivre, et aider leur patrie ou leurs compatriotes à survivre dans l'horreur de la guerre.

Kay est secouriste, appelée la nuit sur les lieux de bombardement pour sauver les survivants, leur donner les premiers secours et les conduire à l'hôpital. Se frayant un chemin parmi les routes dévastées, avançant phares éteints pour ne pas se faire repérer, découvrant les pires horreurs au détour des rues.

Helen travaille pour l'administration et aide les familles qui ont tout perdu à retrouver un logement.

La force de ce roman, c'est aussi sa construction : partir de 1947, découvrir les personnages perdus, prisonniers de situations dont ils n'arrivent pas à s'échapper, et petit à petit remonter le temps et découvrir l'épreuve que les a chacune profondément traumatisée, au point qu'elles n'arrivent plus tellement à maîtriser leur vie dans le présent.

C'est un roman très très fort psychologiquement. Qui laisse des traces. Avec des descriptions sur la guerre oppressantes et effrayantes. Avec aussi, quand même une lueur d'espoir (peut-être justement provoquée par le fait qu'on revient en arrière, au moment où tout peut être encore possible).

il reste juste, qu'en refermant le livre, j'étais un peu frustrée. Des détails nous échappent, on aurait envie de revenir au présent (1947 ou plus tard) de les retrouver. J'ai eu l'impression qu'on ne me disait pas tout.

extrait :
Kay se rejeta en arrière et se détourna, dégoûtée d'elle-même. "Il nous est arrivé ce qui est arrivé à des millions d'entre nous. Qui n'a jamais perdu quelqu'un, quelque chose de précieux ? Je peux marcher dans n'importe quelle rue de Londres, je n'aurai qu'à tendre le bras pour toucher un homme ou une femme qui a perdu un amour, un enfant, un ami... Mais je... je n'y arrive pas, Mickey. Je n'arrive pas à me remettre, à me reconstruire." Elle eut un rire triste. "Me reconstruire. Quelle drôle de formule ! Comme si la douleur était quelque chose qui vous éparpille dans tous les sens, comme une poupée cassée, et que l'on devait retrouver les morceaux et les remboîter avant de continuer.... J'ai perdu des morceaux, Mickey, je ne retrouve plus rien. Et je ne crois pas avoir envie de continuer, c'est surtout ça. Ma vie, elle est en morceaux, je suis une poupée cas..."

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