Dans une petite ville du New Hampshire, Dixon, ex-taulard braqueur de banque en fuite et salement amoché trouve refuge chez Elias, un prof de fac.
Il n'est pas bien difficile de convaincre Elias de le garder cacher dans son sous-sol en le menaçant de dévoiler à la police la scène qu'il a surprise en cherchant un refuge : le prof de fac pris dans son plus simple appareil avec la jeune fille mineure de ses voisins.
Au-delà, des apparences, le plus abject des deux n'est pas celui qu'on croit : Dixon rêve de tranquillité dans une ferme d'élevage tandis qu'Elias écrit une thèse intitulée "Hitler avait-il raison?" afin d'obtenir un poste à Harvard.
« Tout est dans le titre. Elias le voulait suffisamment choquant pour que les professeurs de Harvard le remarquent et en discutent. Il voulait qu'ils soient impressionnés par le courage avec lequel il avançait des arguments qui défiaient le politiquement correct avec autant de virulence. Il imaginait la tête des professeurs, d'abord horrifiés, puis, à mesure qu'ils avanceraient dans la lecture, rassurés par son intelligence, son raisonnement et ses graphiques multicolores. »
Deux agents du FBI – un stagiaire et Denise, une femme qui a perdu depuis longtemps ses illusions dans la justice de son pays et ses possibilités d'avancement dans son travail - vont mener l'enquête.
«Denise avait donné plusieurs surnoms à son stagiaire, mais le seul qui ne contenait pas le mot "foutu" était Wonder Boy, raison pour laquelle elle l'utilisait au bureau. Dit sur le ton de qu'il fallait, il pouvait être interprété comme un compliment et non comme la dérision humiliante que Denise y mettait, et c'était de cette façon qu'elle pouvait insulter ses collègues en face et échangeant des sourires.
Wonder Boy, l'agent Kohl pour les autres, était un jeune homme agréable et intelligent qui allait gravir très vite des échelons de la réussite au FBI parce qu'il était doté de charme, de patience, d'un excellent C.V. et d'un pénis. Denise, à qui ne manquait qu'un seul de ces attributs pour avoir une belle carrière, savait qu'avant d'être à la retraite dans huit ans elle travaillerait pour lui. Elle se montrait donc aimable avec lui de temps en temps, les jours où elle se voyait encore agent du FBI huit ans plus tard, mais ces jours-là se faisait de plus en plus rares à mesure que les mois passaient. »
Lorsque Denise débarque chez Elias, ce dernier ne peut s'empêcher de la trouver à son goût et n'hésite pas à lui faire des avances. Dixon pourra-t-il faire confiance à ce séducteur du dimanche qui ne cache pas sa sympathie pour le IIIe Reich ?
Iain Levison excelle à nouveau pour décrire les désillusions des uns et les petites mesquineries des autres dans une Amérique bien pensante.
Toujours aussi caustique, j'ai toutefois préféré son précédent roman "Un petit boulot" à "Une canaille et demie". L'acidité dans son premier roman était jubilatoire, celle de son deuxième roman nettement plus désabusée.
« Pourquoi je braque des banques ? C'est pas la bonne question, ça. La question est : Pourquoi est-ce que tout le monde ne le fait pas ? Pourquoi est-ce que les cons comme vous laissent tous les braquages de banque à des gens comme moi ? Pourquoi vous n'aidez jamais, vous les autres ? »
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