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[La Hulotte. 90, La nuit des Mathusalem | Pierre Déom]
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Franz



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Posté: Mer 26 Déc 2007 22:56
MessageSujet du message: [La Hulotte. 90, La nuit des Mathusalem | Pierre Déom]
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90 numéros déjà parus ! L’âge vénérable de La hulotte l’autorise à dresser une liste des Mathusalem parmi les oiseaux sauvages, du martinet noir, 30 ans, 45 grammes à l’albatros royal, 62 ans, 8 kg, en passant par l’océanite tempête, 33 ans, 25 grammes, le fulmar boréal, 50 ans, 800 grammes, le moineau domestique, 19 ans, 30 grammes… La liste n’est pas close. Pierre Déom éblouit le lecteur avec sa compilation de données ahurissantes, synthèse rigoureuse de relevés scientifiques pointus et souvent confidentiels. Ainsi, les deux premières années de la vie du martinet se passent dans le ciel : « 500 000 kilomètres parcourus en vol sans jamais redescendre sur terre… Comment leur petite mécanique de 45 grammes peut-elle réussir pareil exploit ? Mystère… ». Le martinet noir de 30 ans aurait parcouru plus de sept millions de kilomètres soit l’équivalent de dix-huit voyages Terre-Lune. Chaque oiseau évoqué dans la Hulotte est traité avec soin dans le dessin et dans le texte. Même succinctes, les informations données impressionnent. Le puffin des Anglais revient nourrir son oisillon quatre à cinq fois seulement par semaine car il va pêcher en haute mer à plus de trois cents kilomètres du terrier. Le petit du fulmar boréal projette jusqu’à un mètre de portée un suc gastrique puant sur quiconque approche du nid : « le mot ful-mar signifie en islandais « mouette qui pue ». Un œuf d’albatros pèse 450 grammes. De la couvaison à l’envol du jeune albatros, 45 semaines seront nécessaires. La documentation rigoureuse fournit des informations multiples rendues savoureuses grâce au style vif, concis et léger de Pierre Déom. La mise en valeur est aussi faite grâce à des dessins léchés, à la plume, parfaitement lisibles, teintés de poésie et imprégnés d’humour. Au texte principal s’ajoutent de nombreux encarts. En filigrane s’allument des clins d’œil parfois subversifs à l’image du portrait de Nicolas Sarkozy exécuté d’après un dessin de Cabu et servant de toile de fond à la salle de mariage du maire. Celui-ci pose la traditionnelle question à un couple d’huîtriers-pies (qui s’unissent toujours pour la vie) : « Acceptez-vous de prendre pour épouse Mademoiselle ici présente ? ». La réponse du Monsieur en smoking est : « Huïïïït ! ».
Les vingt premières pages du fascicule traitent un nouvel épisode consacré au castor. On y apprend que les castors ont été quasi exterminés en Europe pour leur exceptionnelle fourrure servant à confectionner des chapeaux par milliers et pour leurs glandes odoriférantes aux propriétés médicinales proches de l’aspirine. Les glandes à castoréum valaient de l’or. Le piégeage était systématique. De plus, le castor a été classé parmi les poissons avec sa queue couverte d’écailles. Considéré comme viande maigre, il a été consommé à chaque carême. Quelques discrets castors du Rhône ont survécu malgré tout cela. Une carte de France montre l’omniprésence, jadis, du castor, à travers la toponymie : Lamotte-Beuvron, Beaurières, Bibracte, Vébron, la Biberonne, jusqu’à la rue de Bièvre, à Paris, rivière maintenant souterraine et transformée en un triste égout. Le castor s’appelait auparavant le bièvre. A travers les canaux qu’il creuse, le rongeur architecte a mis au point le système de l’écluse « avec deux millions d’années d’avance sur l’homme ».
Pierre Déom donne à sentir la patience et l’humilité. Son lectorat est fidèle et réactif. Ainsi, sur le site www.lahulotte.fr, on peut apprécier plusieurs centaines de photographies d’arbres aux formes extravagantes prises par les abonnés de la revue après la lecture du n° 88 intitulé « Petits mystères des grands bois ». Pierre Déom a dû classer et légender les photographies avec un sourire aux coins des yeux. Il y a des émerveillements qui ne perdent rien à attendre.

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