Ce livre de Mircéa Eliade,paru en 1935, a parait il défrayé la chronique lorsqu il fut publié a Bucarest. Plus que les coucheries omniprésentes dans le livre ( et décrites avec une impudeur rare pour l époque ), c est la description prémonitoire d un état d esprit généralisé propre a une certaine jeunesse dorée, totalement immature sur le plan sentimental, et qui compense cette lacune des sentiments par une fuite en avant dans les nouvelles idées reçues de l époque, qui scandalisa les tenants de l ordre établi.
Qu on en juge : Petru, Alexandru, David,Anette, Marcella... tous jeunes gens bien nés de la grande bourgeoisie roumaine (meme si la guerre-la 1ere- a un peu limé les fortunes) , se fréquentent, s aiment, se séparent, passent des vacances ensemble sur le bord de la Mer noire,et éventuellement discutent de leur avenir,donc... de politique . Le point commun a tous ces jeunes gens (surtout les garçons), est leur totale immaturité ; ils séduisent puis trés vite se lassent et deviennent aveugle aux malheurs qu ils ont innitiés ; ainsi cette jeune fille, Viorica, que Alexandru a séduite puis délaissée et qui se suicide... ça ne l empèchera pas de dormir et de récidiver...
En contre-point de ce cynisme sentimental (mais est ce bien du cynisme ??? peut ètre tout simplement de la bétise crasse, du machisme ordinaire), apparait dans les propos "politique s" de ces futures élites du royaume de Roumanie, comme une odeur de déjà senti... Ils révent tous d actions grandioses, de rénovation spirituelle, de grandeur... tout cela est un peu vague dans leur tete mais Mircéa Eliade nous fait bien comprendre qu il ne faudrait pas grand chose pour qu ils s emballent en bons Hooligans qu ils sont.
D ou le titre du livre, les hooligans ce sont ces etres sans foi ni loi qui ne connaissent aucune régle et qui tout en cassant des vitrines posent la premiere brique du nouvel ordre des choses... c est ce nous dit Eliade.
L on aura compris que ce roman est plus qu une oeuvre de fiction, plus que la narration de scènes d amour et de jalousies (interressantes au demeurant...), c est aussi un témoignage sur l état d esprit qui permit l arrivée des mouvements nationalistes et fascistes en Roumanie ; le maitre mot, le mot clé qui résumerait cet état d esprit serait peut etre :insatisfaction. Insatisfaction des rapports amoureux, insatisfaction des possibilités dérisoires offertes a des jeunes épris d idéalisme dans un monde trop vieux et exangue .
Enfin ce livre est également passionant par ce qu il montre (en creux) de l engagement de Eliade et de ses passions nationalistes et fascistes à l époque (d autres roumains célebres ne sont d ailleurs pas plus "clean"). Il ne faut donc pas trop s étonner si Norman Manéa dans son livre "Le retour du hooligan" règle ses comptes avec son ancien coreligionnaire (c est drole ils ont tous deux "émigré" aux USA) ; Manéa revient longuement dans son livre sur le choc que fut la publication des "Hooligans" à l époque ; par contre le sens qu il donne a ce mot (Dans "Le retour du h...) n est pas celui de Eliade, pour Manéa le hooligan c est celui qui s oppose et qui fait appel à la rebellion de l individu ( et non du groupe).
Livre qui interessera peut etre plus les connaisseurs et les amoureux de la Roumanie que les autres, mais les tourments amoureux et la peinture sociale de l entre deux guerres valent quand meme une lecture.
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