Vous ne vous êtes pas mariée. Vous avez signé un contrat publicitaire.
Chacun a utilisé l'autre pour parvenir à ses fins..
Ces deux phrases résument la sombre vie racontée et imaginée ( c'est là la force du roman de Gilles Leroy, qu'il ait pu , partant d'éléments réels, aussi bien prêter vie à celle qui était déjà une héroïne de roman dans Tendre est la nuit) de Zelda Fitzgerald. De la fille du juge qui a cru que cette caractéristique pourrait lui être utile loin de son Alabama natal et de sa nourrice noire qui l'avait élevée dans une atmosphère familiale déjà complètement névrosée.
Sans arrêt, elle se trompe de vie, Zelda, elle qui voulait exister par elle même. Elle va rester la fille de et la femme de. Femme d'un grand écrivain américain, mais à quel prix? C'est une entreprise, qu'ils forment tous les deux, une entreprise qui va vite faire faillite.
Accordons nos violonslui dit un jour Scott. Et elle entend Accordons nos violences et acquiesce.
J'ai souvent pensé à Sylvia Plath, et à ses cloches de détresse... et c'est un livre qui m'a profondément émue.
Un petit extrait, après la mort de Scott, et le suicide de son frère...:
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Ce que je ressens?.....à l'imaginer pourrir entre quatre planches d'acajou?...c'est de la tendresse, docteur. Une horrifique tendresse. Mais cette folie à deux, ce n'était pas de l'amour.
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Rendez moi mon frère. Les hommes comme Anthony Jr ne peuvent se résoudre au rien annoncé. Le zéro s'est effacé lui-même, proprement. Ne reste du grand frère si beau et si lointain que sa légende d'enfant frondeur, aux frasques et bizarreries incessantes. Minnie ( sa mère )la mutilante: " Ton frère ne savait quoi inventer pour se faire remarquer. Il a fini par trouver."
Rendez moi René, l'autre frère, mon jumeau de hasard. En se suicidant au gaz, René a détruit tout son immeuble mais je ne crois pas qu'il voulait cela. Je le revois, sur le lit de Lariboisière, à l'apparition des premières taches brunes sur le thorax. " Maintenant, il faut t'en aller, il a dit, il faut t'échapper, ma petite danseuse américaine, il faut t'en aller sur les pointes. Eh! Eh! Pleure pas. Tu verras: tu seras grande un jour..."Et il a tout fait exploser. Je ne crois pas qu'en se tuant il voulait en tuer d'autres. René n'est pas comme ça. Il y avait bien trois ans qu'on n'avait plusparlé de Coconut. Tout le monde avait disparu, mort ou bien enfui. Il y avait eu tant d'alcool, tant de benzédrine et d'opium. Des neuroleptiques, ensuite, et les électrochocs. Puis cette foutue tuberculose.
Ils étaient des enfants aux yeux fous. De bons enfants, tout de même.
Les enfants rêvés de la Grande Guerre de Civilisation.
Pitié pour ceux qui ne sont pas nés avec au front l'étoile des héros!
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