[Extrêmement fort et incroyablement près | Jonathan Safran Foer, Jacqueline Huet (Traducteur), Jean-Pierre Carasso (Traducteur)]
Extrèmement fort et incroyablement près: et miraculeusement à la fois émouvant, drôle et poétique...
A la presque fin de ce livre, le jeune ( jeune de par son âge réel, mais en fait aussi vieux que le monde, car il en porte toute la souffrance) Oskar reçoit -enfin- une réponse à une de ses nombreuses lettres, qu'il a écrites après la mort de son père à des personnes qu'il admire, et dont il recherche la protection, maintenant qu'il a perdu à jamais celle dont il avait le plus besoin.C'est une lettre de Stephen Hawking, dont je recopie un extrait:
" Albert Einstein, un de mes héros, écrivit un jour,"[Notre situation est la suivante. Nous sommes devant une boîte fermée qu'il nous est impossible d'ouvrir. Je suis sûr que je n'ai pas besoin de te dire que l'univers se compose d'une vaste proportion de matière sombre. Son fragile équilibre dépend de choses que nous ne serons jamais en mesure de voir, d'entendre, de sentir, de goûter ni de toucher. La vie elle même en dépend. Qu'est ce qui est réel? Qu'est ce qui ne l'est pas? Telles ne sont peut être pas les questions qu'il faut poser . ..
Ce roman parle de choses que l'on n'arrive pas à "ouvrir".Même si nous avons la clé..Les secrets gardés, les non-dits parce que souvent trop difficiles à dire.Et de la nécessité - et l'urgence- de les dire quand même, par d'autres moyens que la simple parole, par l'écriture bien sûr partout ( sur son corps, sur les murs, sur des petits papiers qui s'envolent, en faisant défiler les mots ) , mais aussi en morse dont on fait des bracelets, sur des touches de téléphone grâce à des codes , par des énigmes, des jeux, des images, des photos,et même du noir complet .... . Mais ces mots, ces lettres écrites qui ne sont pas envoyées, comment pourraient ils être compris par l'autre, surtout quand ils arrivent trop tard:
" ....Pendant huit mois, je l'ai suivi et j'ai parlé aux gens auxquels il parlait, j'ai tenté d'apprendre des choses sur lui comme il tentait d'apprendre des choses sur toi, il essayait de te retrouver comme tu as essayé de me retrouver, cela me brise le coeur en plus de morceaux qu'il n'en comportait, pourquoi les gens ne peuvent ils se dire ce qu'ils ont à dire sur le moment? "
Voilà, je l'ai ressenti comme un livre sur le deuil bien sûr, le vide, le creux et la douleur que laissent les choses non dites au bon moment, toutes les difficultés de communication, tout ce que l'on ne fait pas ( "Je songe à toutes les choses que j'ai faites, Oskar. Et à toutes celles que je n'ai pas faites. Les erreurs que j'ai commises sont mortes pour moi. Mais je ne puis reprendre les choses que je n'ai jamais faites"......).
Tout ce à côté de quoi on passe. Et excusez la longueur du message, mais j'aime beaucoup ce Jonathan Safran Foer très jeune écrivain plein de tendresse et de recul, encore un extrait qui "dit" beaucoup:
" J'aime voir des gens réunis, c'est peut être tout bête, mais que puis je dire, j'aime voir des gens courir l'un vers l'autre, j'aime leurs embrassades et leurs larmes, j'aime l'impatience, les histoires que les bouches ne peuvent raconter assez vite, les oreilles qui ne sont pas assez grandes, les yeux qui ne peuvent absorber d'un coup tous les changements, j'aime les étreintes, les retrouvailles, quand quelqu'un cesse enfin de leur manquer....."
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