Quand il quitte Périgueux, fin 1946, Vincent a tout juste treize ans. Sa mère, Emilie, va épouser le régisseur du château, Pierre Jeancel, et entrer ainsi dans le monde des bourgeois. Dans la France profonde d'après-guerre, Vincent découvre les grandes réceptions des de Razac et le travail laborieux du petit personnel.
Je ne connaissais pas du tout Michel Jeury avant d’ouvrir ce livre. Par curiosité, j’ai voulu découvrir un peu l’auteur avant le roman et j’ai été surprise : cet écrivain « de terroir » s’est auparavant illustré dans la science-fiction des années 60 à la fin des années 80. Ca m’a semblé être un parcours bien atypique qui m’a rendu le personnage sympathique :-)
« Une odeur d’herbe folle » se déroule dans une région que je ne connais absolument pas, le Périgord (j’avoue, j’ai même ouvert l’encyclopédie pour savoir précisément où c’était… *honte* ), dans les années d’après guerre.
Ces deux éléments font le cadre de l’histoire et expliquent la mentalité des personnages. 1946, c’est tout près de nous, et pourtant, quand on lit ce roman… ! J’ai été frappée par la conception féodale de la société que tous semblent partager.
Il y a d’un côté les « de », qui ne savent pas se laver une cuillère tous seuls et qui estiment que leur fille fait une mésalliance en épousant un bourgeois plein de gros billets et de médailles militaires mais sans particule. Il y a aussi leur second fils qui, justement parce qu’il est le benjamin, s’imagine qu’il n’a pas d’autre choix que de devenir évêque (puisque le premier est entré dans l’armée, comme de juste).
De l’autre côté, il y a les « petites gens », qui sont submergés de gratitude à l’idée de pouvoir dévouer leur vie aux seigneurs du coin, ou qui au contraire voudraient bien profiter de la fin de la guerre et des réformes pour avoir enfin un semblant d’autonomie (mais qui, du coup, perdent tout honneur aux yeux des autres petites gens restés loyaux…).
Il y a aussi ce vocabulaire, comment une jeune femme de même pas trente ans peut-elle appeler un adolescent « beau drôle » en 1946 ? On se croirait dans les chansons populaires genre l’apprenti pastouriau (« troupiaaaauuux, troupiaaauuuux, je n’en avais guèèèreuuh… »). Bon, j’exagère mais je vous jure que la Jeannette, je la voyais toujours avec sa faucille !
Outre ce côté pittoresque, il y a aussi le parcours initiatique du jeune Vincent, son adaptation à son nouveau cadre de vie, sa relation avec celui qu’il pense être son père…
Les traits m’ont semblé parfois un peu trop forcés mais c’est finalement un roman de terroir que j’ai eu plaisir à lire.
Si quelqu’un a lu le Michel Jeury auteur de SF, je serais curieuse d’avoir son avis !
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