Présentation de l'éditeur
Cosmonaute, Jaume Roiq Stevens accomplit diverses missions dans une station spatiale en orbite autour de la Terre, quand soudain l'évacuation est ordonnée depuis la base en raison d'un incendie. Refusant d'obéir, il demeure seul à bord pendant quelques mois, le temps d'observer une série d'étranges phénomènes terrestres, mais le silence radio persistant le force à rentrer. De retour à la base, bien des surprises l'attendent la Floride apparaît désertée de tous ses habitants, dont les vêtements gisent abandonnés, comme après une inexplicable catastrophe. Les animaux, eux, semblent avoir retrouvé leur liberté. Stevens doit se rendre à l'évidence : l'espèce humaine a disparu. Fou de désespoir et comme possédé par une sorte d'ivresse schizophrénique, il entreprend alors, des plaines d'Asie centrale à la Chine, en passant par l'Inde, l'Alto Parana et l'Afrique, un voyage hallucinant dans l'espace mais aussi le temps et la culture de tous ces mondes disparus. Mêlant suspense et poésie, cette odyssée du dernier homme sur la Terre emprunte avec une étonnante puissance verbale à la technologie contemporaine comme aux plus anciennes sagas de l'humanité.
Biographie de l'auteur
Née en 1969, Céline Minard a étudié la philosophie. Elle est l'auteur de deux fictions R (2004) et la Manadologie (2005).
Mon commentaire :
En mission dans sa station spaciale, Jaume Roiq Stevens ne pouvait pas deviner combien sa situation particulière aurait pu le mettre à l’écart du reste du monde. Après avoir désobéi « au sol », devenu déserteur en orbite durant le retour de la raison, il décide de reprendre contact avec la terre. Combien il est étrange pour un homme d’atterrir sur une planète familière pourtant si bouleversée par les derniers évènements : la race humaine a disparu de la surface du globe. Habitué au vide intersidéral, il connaît le vide transcontinentale.
Le propos est certainement très bien présenté, argumenté par de nombreuses références originales :
le Llano en flammes page125, Shakespeare page 159, citation d’Epictète à propos des enfants quand ils sont seuls, les contes africains avec la légende angolaise de la reine Zingha page 403 (alors celle-ci il fallait déjà la trouver, à moins de s’intéresser particulièrement à ce pays) et bien d’autres exemples qui prouvent les qualités de recherches approfondies de Céline Minard pour écrire un tel ouvrage.
Au cours du récit, les personnages fantomatiques, naissent, accompagnent le héros, donnant à ses dialogues un style particulier assurément bien formulés. Les aventures dantesques, voire mégalomaniaques sont follement mises en page. Tout cela pour dire combien la solitude pèse à un individu qui vit cette aventure, combien l’ennui emprunte la voie de l’énorme désert du trop plein culturel proposé par ce roman très lourd, rebondissant dans le néantissime tréfonds des affres de l’oubli. Je m’enlise entre chaque tableau décrit qui furent péripéties originales au début, et deviennent peu à peu sujet de redites loufoques.
Petit extrait :
« Ô Albe, ô rage !
Approuvez ma faiblesse et souffres ma douleur,
Elle n’est que trop juste en un si grand malheur !
Le Styx est partout, partout où l’eau coule,
Rome la noire qui marie ses filles à ses ennemis,
Rome à ses proches ne consent qu’une détresse ravie.
Lourde héritière de ooh fucking Greek, vulgaire, Rome a formé un fils qui fut un frère qui fut un guerrier qui fut une ordure. J’appelle l’errance sur la tête des Romains, j’appelle les Barbares par-delà les mers, les Satrapes, les Vandales, et détruire pierre à pierre, porter le glaive, défaire, ne suffira pas : I put a spell on you, Horace. »
Je vous passe la présence de Rotko à Oulan-Bator en Asie, le cochon grand maître incontesté de l’éxécutive Bulding, qui, groin collé au sol, conduit sa troupe porcine aux ravitaillements quotidiens (page 166), avant d’affronter l’armée de soldats rose-soie soulevée par Steven.
Je ne conteste pas la forme de l’écriture de Céline Minard, plaisante, recherchée, travaillée. L’argument devient bancal, car trop long. Cherchant à combler le vide, Jaume sous la plume de Céline, rempli son journal d’aventure clownesque, très triste, tant il y a de misère à dévoiler, d’injustice à crier, de honte à étouffer. A trop vouloir en dire, le discours se perd dans les méandres des incontournables ennuis.
Je veux appuyer ce livre pour son style narratif complexe. Je demande à Céline Minard d’expurger ses idées, d’en trouver les mots forts, les phrases percutantes. Car dans le degré ultime de la solitude, n’est ce pas le silence qui dérange le plus ? Ici, le trop de paroles tue le sujet.
A moins qu’elle ne soit une descendance directe des surréalistes. Dans cette exception là, je tire mon chapeau à cette femme à l’esprit tourmenté, écrivant ses rêves pour vaincre un ennui profond. De déduction en similitude, je rapproche son travail de celui d’un cinéaste fantasque « Terry Gilliam, avec son film « Tideland », pour le moins dans le délire extra sensoriel empruntant un autogyre à propulsion sidérante.(bertrand-môgendre)
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