Je ne pensais pas que cette chronique d'un ministère serait éclairante au-delà de l'aspect réflexion sur les femmes au pouvoir. Malgré mes lectures régulières du Canard Enchaîné, et parfois du Monde, à l'époque certains aspects de sa politique m'avaient échappé, et je suis étonnée, quinze ans après, de découvrir que Cresson avait mené une Realpolitik presque dénuée de tentation néo-libérale, avant le tournant opéré par le parti socialiste ensuite. Comme tout le monde, j'avais retenu les privatisations, les "charters"... Ceci dit, je crois que malgré ses précautions et malgré les intentions données dans le préambule, et qui ont déçu Edith Cresson qui aurait voulu que la journaliste prenne fait et cause pour elle, Elisabeth Schemla a eu du mal à prendre ses distances par rapport à son sujet.
Il n'en est pas moins flagrant que marginalisée au coeur d'un gouvernement dont elle n'a pas pu choisir librement les membres, sans coterie dès le départ, Cresson a subi un lynchage médiatique et politique quasi-instantané, d'une violence qui me laisse saisie.
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