Mahmoud, un petit Toulonnais, apprend que son grand-père algérien, qu'il n'a jamais vu, vient de mourir. Sa grand'mère, veuve, très déprimée, vient habiter avec eux. Elle s'appelle Marie et elle est chrétienne. Elle est dans le non-dit, veut oublier, veut parler arménien, alors que le médecin de Mahmoud, qui a perdu toute sa famille dans le génocide arménien, la harcèle pour en parler, mais ne peut pas articuler un son dans cette langue ; il ne veut pas entendre parler de pardon. Ahmed, le fils, et son ami médecin ne parviennent pas à se remettre de leurs deuils respectifs ; l'un se tait et souffre, l'autre boit...
La couverture de cette BD a résisté, quand j'ai essayé de l'ouvrir ; je semble en être la première lectrice, ce qui me sidère. Non seulement le traitement de l'histoire est très talentueux, polyphonique, esthétique (j'aime le choix de la gouache, précise ou stylisante) mais son sujet nous concerne tous, il n'y a aucun particularisme dans le sujet du deuil et des blessures de nos ancêtres, que nous gardons pieusement en nous. Farid Boudjellal a compris quoi faire des siennes, nous les donner pour réfléchir.
Martine Lagardette, à la fin de l'ouvrage, explique ce qu'a vécu ou a pu vivre (comment être sûr de quoi que ce soit à partir des témoignages de personnes qui ne veulent/peuvent pas parler ?) Marie Caramanian, la grand'mère de Boudjellal. J'ai enfin appris le déroulement du calvaire et de la diaspora arménienne.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre