Fort-de-France, Martinique, début des années 60, Patrick Chamoiseau est un petit garçon comme les autres. Il vit au cœur d’un monde de fantasmes et de suppositions, au cœur d’un monde en constante évolution où chaque nouvelle découverte bouleverse l’ensemble des données. La hiérarchie des créatures semble bien en place : au sommet de la pyramide, les mamans, comme Man Linotte, et les papas, comme le Papa avec son vocabulaire châtié et son uniforme de postier aux boutons dorés. Et puis les grands, frères et sœurs ; enfin, les êtres humains, petits garçons comme lui, soumis entre eux aussi à de sévères hiérarchies liées, par exemple, à leur dextérité à manier le jet du canon à pipi, le « ti-bout ». Or, dans ce classement, où situer les pensionnaires de l’autre école, les petites filles ?
« A bout d’enfance » est une belle évocation des années tendres, enrichie par le dialogue que Patrick Chamoiseau entretient avec l’enfant qu’il était. Il l’appelle « mon négrillon » et lui parle directement, tout en insérant des textes poétiques. L’auteur se place face à son enfance.
La richesse de la langue de Patrick Chamoiseau provient de sa capacité à coucher sur le papier ces expressions qui font l’authenticité de la vie quotidienne antillaise. C’est dans cette société où la période sombre de l’esclavage reste primordiale que l’auteur puise son identité.
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