J'ai assisté à un combat. Comme dans
Le Parti pris des choses, Francis Ponge, qui se défend d'être poète mais qu'on étudie comme tel, et l'on a raison (il fait de la ποίησις, c'est mieux), j'ai eu l'impression d'une transfiguration des choses par l'expression tout en se mettant à son service. Mais j'ai sans doute préféré La Rage de l'expression, par cette impression d'entrer dans la pensée de l'auteur pendant qu'il cherche à définir les choses et les mots, qu'il exprime sa difficulté et son intention, avec, pour renforcer le côté atelier qui me plaît tant, les phrases réécrites, les épanorthoses, dont le retour crée un rythme enivrant. J'ai pensé, pour le cinéma, à Federico Fellini, qui insérait des plans pour faire sortir le spectateur de l'identification et de l'illusion de vivre l'action, de même que Ponge refuse le lyrisme. Il y a pourtant bien de la colère, de l'agacement. Sur le coup, je n'ai pas bien compris le titre, que je prenais pour "le poète est comme enragé quand il écrit" et qui ne collait pas vraiment avec ce que je voyais ; il faut le prendre en fait pour, la rage de l'expression quand elle échoue à recréer l'objet.
Peu d'objets et de lieux, mais un recueil de sept chapitres très développés :
« Berges de la Loire »,
« La Guêpe »,
« Notes prises pour un oiseau »,
« L’Œillet »,
« Le Mimosa »,
« Le Carnet du Bois de pins »
« La Mounine ou Note après coup sur un ciel de Provence ».
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