Marie Rose Cormon est la "vieille fille" de ce récit, mais Balzac va l'initier de manière "spiralaire", en partant de ses soupirants et de leurs entourages, pour remonter ensuite jusqu'à elle. On a un chevalier de Valois, que l'auteur décrit d'une façon extraordinaire, au point que j'ai cru que le récit serait raconté de son point de vue - ne manquez pas au moins ce passage-là, celui de sa présentation ! On a un sieur Du Bousquier, un républicain (on passera à la monarchie de juillet au cours du récit) qui a très mauvaise presse. Tous deux comptent essentiellement sur la dot conséquente de Mlle Cormon, plus encore que sur une épouse, le célibat leur apportant des satisfactions. Et puis il y a le touchant personnage d'Athanase, un jeune homme auquel, certes, l'argent de la demoiselle permettrait de se lancer, mais qui aime sincèrement cette quadragénaire sans en être compris. Gravite encore autour d'eux le personnage de Suzanne qu'on retrouvera Mme du Val-Noble dans d'autres tomes de la Comédie humaine, et qui pénètre tous les personnages, nous révèle où penche la justice.
Je ne dirai pas comment tout cela finit, ni qui et si la "vieille fille" finit par se marier, ma totale ignorance ayant particulièrement ajouté de suspense, en l'occurrence. J'ai aimé l'ironie, la finesse d'analyse, la satire parfois, mise en place. Beaucoup de "petits" romans de Balzac ne méritent guère d'être connus, pas celui-là !
Citations :
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Chacun sut ces détails à cause du profond secret que demanda le chevalier à la première personne qui reçut sa confidence.
• Le licenciement des troupes impériales et la reconstitution de l'armée royale, opéraient un certain mouvement dans la destinée de beaucoup d'hommes qui retournaient, les uns en demi-solde, les autres avec ou sans pension, chacun dans leur pays natal, tous ayant le désir de corriger leur mauvais sort et de faire une fin qui, pour mademoiselle Cormon, pouvait être un délicieux commencement.
• Comme monsieur de Talleyrand le disait de sa femme, le chevalier se dit en lui-même, en regardant mademoiselle Cormon : - Qu'on m'en trouve une plus bête ? Foi de gentilhomme ! la vertu qui ôte l'intelligence n'est-elle pas pas un vice ? Mais quelle adorable femme pour un homme de mon âge ! Quels principes ! quelle ignorance !
• Il paraissait grand connaisseur, et le véritable amateur n'applaudit pas, il jouit.
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