Le roman se passe en Syrie, et, d'une manière inattendue de la part d'une autrice aussi profondément engagée dans l'Histoire de son pays, aussi franchement frondeuse, rapporte la trame historique en arrière-plan, à travers celle, privée et très particulière d'Ali, le "fils de l'arbre", comme l'appelle La Rouquine, sorte de sorcière locale.
Et même quand j'ai dit ça, on ne peut pas imaginer le nombre de filtres, liés à la focalisation et narration interne d'un jeune homme rempli de rêves et de sensations déconnectés de la réalité et des humains, liés au choix d'une narration poétique et complexe, à cause des jeux temporels : on assiste à une sorte de reprise de conscience d'Ali dans une fosse (ou pas), conscience traversée (ou pas) par des souvenirs du passé qui se confondent avec ce qu'il souffre et essaie de comprendre de ce qui lui est arrivé. L'effet littéraire est vraiment très réussi.
Il m'est toutefois souvent arrivé de penser que "c'est de la triche", de laisser délirer Ali comme cela sans donner les clés de certaines images qui traversent et dont nous n'aurons pas l'explication. Le drame sous-jacent et véritablement flouté donne envie d'en savoir plus sur ce que l'autrice veut réellement désigner par El-Zein, qui est le sorte de double qu'il aperçoit, que devient la Rouquine, etc. Le manque d'ancrage logique de ces belles images, belles anecdotes fait que j'oublierai très vite ce roman et que j'oubliais les péripéties à mesure que je les lisais...
J'ai été touchée par le personnage de Nahla, la mère.
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