[Victime 2117 : une huitième enquête du département V | Jussi Adler-Olsen]

L’écume aux dents.
Joan Aiguader, journaliste catalan, désespère de réussir un reportage qui lui apporte la notoriété jusqu'à ce qu'il débarque sur la plage chypriote d'Ayia Napa où sont venus s'échouer des migrants. Une femme âgée, noyée et repêchée, la 2117e victime de l'année, attire son attention. Il la photographie et tente de faire parler la morte en retraçant son histoire et son périple. Deux femmes rescapées de la traversée en Zodiac pleuraient la défunte mais elles semblaient sous la coupe d'un homme barbu. Tous ont disparu. Aiguader va s'évertuer à les pister afin d'étoffer son article pour satisfaire un lectorat international avide de sensations mais il ignore qu'il va côtoyer le diable en personne.
Carl Mørck se demande quel va être l'avenir du Département V des cold cases danois alors que les succès sont au rendez-vous mais qu'une réorganisation des services de police est en cours. Un adolescent appelle régulièrement et anonymement le Département V pour leur faire part de son suicide programmé ainsi que le massacre de ses parents quand il aura atteint le score de 2117 points à sa partie de jeu vidéo correspondant au nombre de victimes affichées.
Enfin, Assad découvre, épouvanté, la photographie de la victime 2117 et l'identifie immédiatement. Tout son passé lui revient en travers de la gorge. Il sait qu'il va devoir se battre avec l'énergie du désespoir car il a reconnu aussi la marque d'un ancien tortionnaire qui lui voue une haine inextinguible et cet ennemi rusé et implacable s'approche avec l'intention de faire le plus de dégâts possible.
Jussi Adler-Olsen ne réveille pas une ancienne affaire criminelle classée sans suite mais axe la huitième enquête du Département V sur la révélation du passé d'Assad et c'est là où le bât du chameau blesse. Beaucoup d'incohérences géopolitiques et psychologiques décrédibilisent l'histoire d'Assad ainsi de ses missions secrètes en Irak ou des métamorphoses d'un journaliste loser en fin limier. L'histoire secondaire de l'adolescent attardé cherchant à décapiter ses parents pourrait prendre le pas sur le reste tant les policiers piétinent, négligent et font fausse route, essuyant les railleries du jeune psychopathe. Bien qu'Adler-Olsen sache relier tous les fils de ses intrigues, développer sur un bon tempo les scènes d'action, servir des dialogues vifs et bien sentis, rendre visible l'imbroglio des enquêtes, il semble s'éloigner du concept de base des cold cases et diluer l'unité et l’intérêt d'une équipe policière aussi improbable qu'attachante.

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