[Tex : Romanzi a Fumetti. 14, Aguas Negras | Pasquale Ruju ; Giampiero Casertano]

Les eaux noires.
Alors que Kit Carson appâte Tex Willer en lui vantant les mérites de Rosa Padilla, divine cuisinière de la cantina d’Aguas Negras, les rangers découvrent l’étendue d’un massacre perpétré par des pistoléros à la solde du rancher mexicain Vicente Samargo. Le cours d’eau détourné au seul profit du richissime propriétaire terrien entraîne la colère et les revendications des paysans réduits à la misère. Le contremaître de Samargo a pris l’initiative de déclencher un tir nourri sur les pacifiques péons. Le lit à sec de la rivière est devenu un bain de sang. Si les rangers veulent immédiatement intervenir et retrouver Felipe, le fils de Rosa, ils sont contrecarrés dans leur projet par la demande inattendue de Samargo car sa fille unique a été kidnappée entretemps. Tex et Kit parent au plus urgent mais les rebondissements ne vont pas manquer, les pistes se brouillant à mesure de l’avancée des rangers.
Après le très réussi « Old South » du Tex Spécial de juin 2021, le scénariste Pasquale Ruju s’associe à nouveau avec le dessinateur Giampiero Casertano pour architecturer une aventure de Tex Romanzi a Fumetti parue en février 2022. Quand les rangers pensent pouvoir agir en redresseurs de torts, ils sont confrontés à l’aspect protéiforme du méchant, un rancher psychorigide depuis la mort de sa femme, disposant encore d’ultimes sentiments pour sa fille unique et capable d’orienter immédiatement l’action des rangers vers les ravisseurs de Camila, sa fille chérie. Samargo retrouvera toute l’amplitude de sa vilenie quand le vent tournera en sa faveur. Le personnage pourrait s’amender mais il revient à ses fondamentaux. L’histoire d’amour qui pourrait émerger de cette action de spoliation, de lutte des classes et d’incommunicabilité vole en éclat. Casertano, déjà enthousiasmant lors de sa précédente prestation graphique, ne perd pas en force et en expressivité avec une mise en couleur qui n’étouffe jamais son trait vigoureux et ses hachures charnelles. L’album couleur cartonné de 50 pages vise à élargir la série Tex Willer au marché lucratif mais encombré de la production éditoriale courante et formatée à l’instar de la bédé franco-belge. Difficile de dire si la greffe prendra un jour mais le lecteur intéressé par l’univers « bonellien » ne peut qu’être enthousiasmé par les multiples déclinaisons du héros texan.

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