La charge de l’olifant.
Alors que Charlemagne et l’armée des Francs s’échinent en vain sur les murailles de Saragosse, la bérézina est déjà en marche avant l’heure, avec l’orgueil bafoué de Carolus Magnus et le ressentiment, son corollaire. Il va accumuler les erreurs stratégiques et psychologiques ainsi de la sous-estimation de l’adversaire et du terrain. Le soleil cuit les Francs sous l’armure et la montagne à franchir est jonchée de pièges. Roland, hanté par la mort et taraudé par le devoir, lutte d’arrache-pied contre les ennemis de Charlemagne et contre lui-même, littéralement possédé et tailladant sans relâche d’âpres combattants, son épée Durandal faisant office de faucheuse insatiable.
Si l’histoire est écrite et le dénouement connu, Roland n’en défie pas moins son destin jusqu’à son dernier souffle corné dans l’olifant alors qu’il chute mortellement.
« Munjoie ! », le cri de guerre des chevaliers, donne le titre au second tome du diptyque des « Chroniques de Roncevaux ». L’autre sens du monjoie est celui d’un tas de pierres commémoratif qui pourrait devenir un cairn, indiquant le chemin à suivre dans le dédale des hêtraies basques. Juan Luis Landa réalise une œuvre flamboyante traversée de lumière et de fureur qu’on pourrait lire sur les vitraux d’une église tant les ors, les verts et les bleus coulent, fusionnant les cases comme des pièces de verre. La guerre y est montrée dans sa démence aveugle mais étrangement magnifiée, elle fascine et sert le propos de l’auteur. Les hommes passent et meurent. Les champs de bataille qui ont concentré tant de frénésie et de douleur à un moment donné ne portent plus trace de rien. Les empires s’effondrent tels des châteaux de cartes et Charlemagne ne fait pas défaut à la règle.
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