"Héritier de Pierre Mendès France et de Michel Rocard, Pierre Larrouturou appelle la gauche à rester fidèle aux valeurs de justice et de solidarité. Face aux dérives électoralistes d'une droite démagogique, nous sommes persuadés qu'il réussira dans sa démarche."
Le titre du livre de Pierre Larrouturou n’est ni un jeu de mots, ni un paradoxe : ancien socialiste, promoteur médiatique de la semaine de quatre jours, le candidat - en attente des 500 signatures - à l’élection présidentielle se livre à une attaque en règle du bilan de la gauche depuis 1977, prend cinq engagements et propose quatre chantiers pour redresser une situation plus qu’alarmante. Mais il juge cependant que Lionel Jospin est le mieux placé pour désamorcer la bombe que représente la crise démocratique dans notre pays.
Le rôle de l’entreprise et le partage du travail constituent l’essentiel des réflexions et des propositions du candidat. Dans le bilan qu’il dresse de la législature, Pierre Larrouturou critique à la fois le fond et la forme. Estimant l’action du gouvernement "en dessous du minimum acceptable", il considère que celui-ci gère à la petite semaine une société qui se délite. Il démontre que le million d’emploi créés est le résultat de manipulations statistiques bien connues des spécialistes, et qu’il ne s’élève en réalité qu’à 440 000 postes.
D’ailleurs, explique-t-il, ces créations sont plus le fait d’une croissance due aux excès du capitalisme américain qu’à la mise en œuvre des 35 heures qui n’ont généré que la moitié des 700 000 emplois annoncés, et pour un coût exorbitant. Pierre Larrouturou dénonce aussi le non traitement du dossier des retraites, la faiblesse de la politique du logement social, le mensonge politique qui alimente la violence urbaine, l’absence d’action d’envergure en matière d’éducation alors que l’illettrisme concerne 10% des enfants qui entrent en sixième, l’absence de réforme de la fiscalité, le recul sensible de l’aide au développement, ou encore la mollesse de la politique de l’environnement, signalant que 45% du budget du ministère de l’environnement n’a pas été consommé en 2000.
Explications de ces blocages : la peur du débat, l’extrême concentration du pouvoir aux mains de quelques-uns, en résumé le déficit démocratique.
Après cent pages de critiques solidement étayées, Pierre Larrouturou explique son programme. Il prend cinq engagements pour cadrer son action : refuser le mensonge, ouvrir la politique à tous, élaborer un projet global, donner du sens à l’action politique, proposer une nouvelle donne. La gauche, écrit-il, ment sur la gravité des problèmes comme sur les solutions qu’elle prétend mettre en œuvre.
Le candidat propose d’ouvrir huit chantiers. Quatre, les plus urgents, sont détaillés.
D’abord, un nouveau partage des responsabilités du pouvoir. Désénarchiser la politique et l’Etat pour sortir la démocratie d’une crise aiguë, en finir avec le cumul des mandats - près de 50% des parlementaires français ont trois mandats, 40% en ont deux, introduire la proportionnelle pour améliorer la représentation, cesser de pratiquer les décrets du mois d’août, revoir le financement des partis : 95% de ceux-ci vont aux partis qui ont des élus, alors qu’ils recueillent le soutien de moins de 50% des citoyens. Pour "rendre au peuple une grande partie de sa souveraineté", Pierre Larrouturou explique longuement ce que pourrait apporter le principe de "la loi d’initiative citoyenne", qui consiste à inscrire à l’ordre du jour de l’Assemblée toute proposition de loi ayant recueilli la signature de 300 000 citoyens.
Le deuxième chantier concerne le "partage des temps sociaux" pour casser le chômage et sauver les retraites. La conviction du candidat est claire : la réduction du chômage peut relancer une croissance en baisse continue depuis 25 ans et permettre de débloquer le dossier des retraites. Pour atteindre ce but, le partage du travail s’impose : depuis 1974 le nombre d’heures travaillées a baissé de 10%, alors que le nombre de personnes disponibles pour travailler a augmenté de 17%. Le produit intérieur brut a, lui, progressé de 67%. La solution : la semaine de quatre jours. En passant, pour faire pièce aux critiques, Pierre Larrouturou rappelle qu’en 1900, le travail représentait 70% d’une vie, contre 12% aujourd’hui. Le candidat expose donc les étapes de mise en œuvre de la semaine de quatre jours d’ici 2006 pour tous les salariés.
Les deux derniers chantiers prioritaires concernent le partage Nord-Sud auquel la France devrait consacrer 1% de son PIB alors que cette aide est passée en quatre ans de 0,64 à 0,33%, et l’avènement d’une Europe sociale indispensable à la création d’une Europe politique.
Tout cela, conclut Pierre Larrouturou, est possible si nous partageons la même vision de la solidarité. Et il annonce la création d’un mouvement politique, Nouvelle Donne, qui présentera 400 candidats aux élections législatives. La recomposition de la majorité plurielle avance désormais démasquée.
François de Valence
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