Egger face Nord.
Encadré en début et fin de roman par le chevrier Jean des Cornes, apparition hallucinée, mourant vivifié et mort vitrifié, Andreas Egger va dérouler sa vie dans les Alpes autrichiennes de 1902 à 1981. Il ne quittera la montagne que pour rejoindre le front de l’Est dans le Caucase durant deux mois avant d’entamer une longue détention dans un camp russe pendant huit ans. Elevé à la dure par un fermier, tuteur armé d’une baguette de coudrier, Andreas sera roué de coups pour un reproche infondé et conservera à vie une claudication invalidante. Après s’être loué pour de durs travaux mal rémunérés, il sera employé par l’entreprise Bittermann investie dans la construction de téléphériques. La vallée va drainer un tourisme vert et un développement économique conséquent. Egger participe modestement en tant qu’ouvrier à l’« ouverture » de son village et acquiert son autonomie en vivant modestement. Il découvre enfin l’amour à travers Marie, jeune serveuse à l’auberge du village mais la nature va frapper aveuglément. A travers les coups et les blessures, Andreas Egger continue sa trace stoïquement, s’adaptant aux circonstances, à la limite du dénuement.
Livre mince de 144 pages mais dense par son contenu, « Une vie entière » se lit d’une traite et frappe l’imagination tant le style épuré de l’auteur autrichien met en relief le moindre événement. Sans pathos mais avec force, le récit dessine la geste immémoriale des hommes de peu, grands par leur humanité mais mis au ban de la modernité, du business et du clinquant.
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