Remets ce disque… c’est notre histoire en noir et en bleus.
Vernon Subutex doit fermer son magasin de disques à Paris car la musique dématérialisée a mangé la galette. Sans ressources durables, le disquaire quarantenaire se retrouve à la rue, contraint de taper l’incruste chez d’anciennes connaissances, cherchant à donner le change mais amené inexorablement à la rue, sans domicile fixe. Pourtant, Subutex a su s’attirer des sympathies par le passé à l’exemple d’Alex Bleach, idole rock suicidé dont il reste l’unique dépositaire des rushes d’une interview explosive, attisant de sérieuses convoitises dans son sillage.
Ecrit en un seul bloc de 1 200 pages et tronçonné en 3 volumes pour des raisons éditoriales, Vernon Subutex étonne par sa construction solide et habile, par la galerie de personnages épatés et incarnés, par le ton vif et tranchant.
Vernon Subutex, de par son ancien métier, touche toutes les couches de population et dans son errance, de toit en toit, approche et dévoile tout un pan de la société contemporaine. Les portraits sont sans concession et chacun y va de son fiel, de ses angoisses, de ses ressentiments. La vie a passé. Les utopies se sont envolées. Reste un corps vieillissant et un esprit racorni. Virginie Despentes dépeint les désabusés et les salauds avec la même verve, laissant affleurer les failles, trouvant le bon tempo, les mots cinglants avec un brio assez soufflant. L’exemple de Kiko, trader pathétique s’imaginant en maître du monde dont les pensées survoltées sont scandées par les titres musicaux que Vernon Subutex, improvisé en DJ passe dans son appartement géant, constitue un chapitre particulièrement réussi bien que rien ne dépareille dans le flow et le groove d’un roman inspiré.
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