[Pensées simples. 3, Des livres mouillés par la mer | Gérard Macé]
Une archéologie du sensible.
Le 3e tome sous-titré Des livres mouillés par la mer (2016) débute au chapitre VII car il fait suite aux premier et deuxième volumes des Pensées simples (2011, 2014), formant un tout homogène centré sur l’apprentissage et l’utilisation de la langue, le travail de la mémoire, la place de l’écriture et le développement de pensées en archipel. Bien qu’écrites simplement, avec fluidité et clarté, les pensées de Gérard Macé, toutes pétries d’élégance et d’intelligence, exigent l’attention du lecteur. Elles ne se livraient pas complètement en cas de lecture hâtive. Il faut y revenir, les soupeser et les développer pour en éprouver la densité et la véracité. L’histoire multiséculaire de l’esclavagisme extirpée de l’oubli par l’auteur est bouleversante. Il n’est pas étonnant qu’il revienne dans le dernier tiers de son ouvrage sur les fantômes et l’oubli puis clôture son livre par l’évocation de la disparition des Fuégiens. Entredeux, certaines remarques peuvent être discutées à l’instar des pamphlets nauséabonds de Céline qui cautionneraient les camps d’extermination nazis.
Pérégrin du monde, arpenteur des œuvres littéraires et cinématographiques, intellectuel des marges et des lisières, Gérard Macé tresse ses pensées simples en volutes, déroulant dans la mémoire et l’imaginaire du lecteur des envolées endimanchées.
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