Pas gooud !
Publiée chez Gallimard, Pépite d’or à la téloche, primée dans les salons, la dernière bédé consensuelle de Winshluss, en dépit de son happy-end, laisse sur sa faim le lecteur quelque peu familier avec l’œuvre de l’artiste. Ciblé vers un lectorat jeunesse, « Dans la forêt sombre et mystérieuse » narre les déambulations d’Angelo, jeune tête à claques affublé de carreaux démesurés, d’une houppette esseulée et d’oreilles décollées évoquant déjà un futur scientifique robotisé. Angelo s’intéresse à tout, expérimente, déduit et avance dans la vie avec la foi du naturaliste patenté. Oublié sur une aire d’autoroute par sa famille, Angelo décide de résoudre son problème par une analyse déductive. Il part à pied retrouver les siens et s’enfonce dans la forêt. Telle Alice, il suit une luciole qui l’éclaire jusqu’à un trou sans fond dans lequel il chute. Commencent les rencontres farfelues, toutes moins drôles les unes que les autres. La double lecture est impossible car les morceaux de contes disséminés dans le potage winshlussien ne disent rien et ne sont que des clins d’œil sans conséquence. Le dessin est souvent bâclé, parfois tout juste crobardé. Les couleurs fades sont à l’avenant. Le lecteur se prend à rêver face à un dessin travaillé (l’ogre bleu en costard de banquier est réussi et effrayant) mais l’enchaînement des cases tournant à vide, la lassitude gagne et pèse. On peut regretter la maestria déployée naguère dans quelques planches de Wizz et Buzz et imaginer la tournure qu’aurait pu prendre ce dernier opus raté.
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