La mamie se marre quand la momie se mure.
L’eugénisme, ce vieux prurit visant à bonifier le patrimoine génétique de l’espèce humaine est un serpent de mer que des politiques volontaristes ou des découvertes scientifiques réactivent régulièrement. Jussi Adler-Olsen s’attaque, dans la 4e enquête du Département V, à la question eugéniste au Danemark à travers la souffrance de femmes stérilisées de force. Son réquisitoire masqué n’en a que plus d’impact puisqu’il est donné au lecteur de sentir le désespoir des femmes internées sur l’île de Sprögo et notamment du cas critique de Nete Hermansen.
Jouant comme à son habitude sur une double temporalité, d’une part, l’auteur développe le cas de Nete depuis novembre 1985 et août-septembre 1987 avec des incursions dans son passé afin de saisir son chemin de croix et son désir de survie, d’autre part, il expose l’enquête de Mørck et ses affidés Assad et Rose en novembre 2010 concernant la disparition non élucidée le même jour de l’année 1987 de quatre personnes. Deux autres affaires interfèrent avec le cold case principal. Tout semble aimanter le trio policier vers Curt Wad, médecin eugéniste fondateur du parti politique extrémiste Rene Linier [Ligne pure] mais le sinistre praticien maîtrise un réseau à sa botte et il est prêt à tout pour que ses idées lui survivent.
Adler-Olsen réussit une nouvelle fois son roman en resserrant une intrigue à mesure que les faits s’établissent et que les histoires personnelles s’échafaudent. La dimension politique ajoute de l’intérêt à la lecture. La fin, pourtant logique puisqu’elle rétablit quelques incompréhensions psychologiques en suspens est surprenante. Si le récit trouve une conclusion satisfaisante, l’histoire des trois principaux personnages continuent d’évoluer au fil de la série avec des ajouts éclairant progressivement leurs personnalités et leur passé.
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