Un livre intéressant du point de vue de l'histoire du roman, mais bien long malgré les rebondissements de l'histoire, ou plutôt des deux histoires.
Je n'ai pas aimé le nombre incalculable de coïncidences qui l'émaillent, les pleurs de reconnaissance, de joie, de tristesse qui coulent des yeux des protagonistes à longueur de temps, bien des réflexions de Marianne destinées à montrer sa "noblesse" et faisant plutôt état de son mépris du peuple, la beauté toujours vantée des personnes de qualité.
Par ailleurs les personnages présentés comme les plus méprisables et méchants se retournent brutalement et deviennent quasiment des saints, alors que d'autres après avoir fait montre de qualités de cœur indéniables s'avèrent fourbes, intéressés ou lâches. Mais il est vrai que l'intérêt parle parfois bien fort au cœur des hommes.
Evidemment par bien des côtés, coquetterie, vanité, délicatesse, Marianne rappelle bien des héroïnes du théâtre de Marivaux. Elle en est la proche cousine, mais la où le théâtre effleure les réflexions avec légèreté, le roman les détaille, les étudie jusqu'à l'écœurement.
La scène où M. de Climal essaie de séduire Marianne m'a amusée par les arguments qu'il emploie et sont exactement ceux de Tartufe.
Enfin heureusement que Marivaux a été élu à l'Académie et a interrompu l'écriture de cet interminable (et inachevé) roman, après l'histoire de Marianne, l'histoire en incise de Trévire combien d'autres histoires aurait-il ajoutées ?
Je me suis souvent ennuyée à cette lecture, qui m'a parue bien décevante si on la compare au théâtre de Marivaux, mais j'ai été intéressée par la place qu'il tient dans l'histoire du roman et des codes romanesques et par le témoignage qu'il porte sur la condition féminine au XVIIIe siècle
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