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[Le camion | Marguerite Duras]
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apo



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Posté: Mer 12 Avr 2017 9:17
MessageSujet du message: [Le camion | Marguerite Duras]
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Quel étonnant objet littéraire !
On aurait pu le croire un scénario, il est un huis clos théâtral où l'auteure parle d'icelui à Gérard Depardieu.
On aurait pensé que dans une fiction cinématographique des acteurs jouent un rôle ; dans les séquences visuelles, réalisables ou réalisées, l'on ne voit que rouler un trente-deux tonnes Saviem, sur des routes très spécifiques de telles zones périurbaines des Yvelines, mais on n'aurait pas vu les deux personnages assis ensemble dans la cabine du camion ; dans une « chambre noire », Marguerite Duras et (un petit peu) Gérard Depardieu, attablés, lisent les feuilles d'un texte concernant ces deux personnages.
On aurait compris, dès la citation de Maurice Grevisse en exergue, que l’œuvre est une sorte de rhapsodie centrée sur le conditionnel composé (et non le futur antérieur), appelé aussi « conditionnel préludique », exprimant le fait éventuel que les deux personnages (l'écrivaine et le comédien ET le routier et l'auto-stoppeuse) se seraient fait leur film.
On aurait recherché en vain un intérêt quelconque ou même seulement une cohérence dans le quasi monologue d'une heure vingt que l'auteure attribue à la femme ; pas plus qu'elle n'intéresse, ni sexuellement ni intellectuellement, le camionneur qui ne l'écoute pas, elle n'a de quoi captiver le lecteur, qui aurait été amené à se demander si elle était tombée en panne en rendant visite à son petit-fils Abraham nouveau-né, si elle avait fait une habitude d'assommer verbalement les malchanceux conducteurs qui l'auraient prise régulièrement à bord, ou si elle était simplement en cavale, évadée d'une clinique psychiatrique identifiée. Par ailleurs, une note de bas de page à mi pièce (p. 50) nous aura ainsi informés :
« Le récit qui suit est, bien entendu, indéfiniment interchangeable. Mises à part, cependant, d'une part, les données géographiques du lieu décrit, ou, si on veut, les menaces latentes de la fin du monde, la force du vent, la mer toujours proche qui suit le voyage, et, d'autre part, les allusions à la naissance d'un enfant nommé Abraham et à la confusion mentale. »
On aurait été déçu si l'on avait recherché « des choses plus substantielles » au moins dans les très verbeux propos politiques de la raseuse, hormis son usage de la terminologie propre au PCF qu'elle rejette à la suite des événements de Mai 68 (à Prague autant qu'à Paris), parvenant au joli slogan : « Que le monde aille à sa perte, c'est la seule politique. » - un slogan qui possède toute sa pertinence actuelle, aurais-je eu envie de conclure.

Formidable essai, dans la filiation, selon mes propres références, du meilleur Pirandello expérimental : Six personnages en quête d'auteur et Ce soir on improvise.

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