Quand notre cœur fait Boon, le monde entier fait boom !
L’idéaliste Pat Boon revient faire un tour de piste quinze ans après une première édition de ses mésaventures à L’Association en 2001. La couverture et la quatrième de couverture qui lui répond ne sont plus les mêmes. Bien que le support se soit rigidifié, le lecteur y perd tant l’illustration originelle était merveilleuse, dans les deux sens du terme. En revanche, la nouvelle édition apporte huit pages supplémentaires bien fichées dans le propos initial, la bêtise crasse et la haine ciblée comme fil conducteur, véhiculées hier par le KKK, aujourd’hui par le tacatacatac des Kalachnikovs. Winshluss narre un conte effrayant dont les ingrédients épicés sont puisés au musée cathodique des horreurs ou prélevés dans la Toile sans fond des réseaux électroniques. Jour de chance pour le bon Boon, un ticket gratuit pour Bali, « Tous frais payés ! ». Se rêvant roi du pétrole, le petit clown lunaire échoue dans le désert après le crash de son Boeing. S’imaginant la proie des vautours, il est sorti des dunes par un Half-track conduit par des djihadistes. Enrôlé et candidat au martyr malgré lui, Boon s’extrait du bourbier arabe pour s’enliser dans le marécage aseptisé des Américains où il est torturé professionnellement.
Winshluss est lucide quant à la marche du monde. Il reprend, mouline et tord l’actualité afin qu’elle coïncide avec l’accumulation des scénettes et des déboires supportés par le personnage principal. Les clichés, la caricature, l’absurdité, l’invraisemblance se répondent et servent un récit halluciné dans lequel le libre-arbitre est banni. Les trouvailles visuelles sont multiples à l’exemple de l’enseigne du magasin « Bruce Lee » qui finit par brûler. Boon est balloté par l’histoire et n’agit que par des réflexes de survie, n’anticipant jamais, subissant toujours. Ses dérèglements intestinaux le libèrent des cataclysmes ambiants. Les mouches aiment les assassins car avec eux les charniers abondent. L’une d’elles provoquera, par excès des ailes, une tuerie aveugle. L’amour, même amoindri et détourné, fusse-t-il d’une mouche zélée, n’a pas droit de cité dans l’univers barbare qui est le nôtre.
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