Ernesto Cata, jeune Amérindien Zuni, s’entraîne dur pour être à la hauteur du rôle qu’il devra tenir lors de la cérémonie de Shalako à l’approche de l’hiver. Chargé d’incarner Shulawitsi, le Petit Dieu du Feu, Ernesto devra chanter et danser toute la nuit sans défaillir. Presque assuré maintenant de pouvoir endosser cette lourde charge, Ernesto Cata est ragaillardi par ses progrès lors des préparations physiques. Alors qu’il va retrouver son ami Navajo George Bowlegs, il croise un Salamobia, guerrier masqué et armé. Ernesto sait alors qu’il va mourir.
Dépêché sur les lieux du crime, le lieutenant navajo Joseph Leaphorn est chargé de retrouver le jeune George Bowlegs qui a disparu après le meurtre. Mystique, George est insondable et introuvable. Joe Leaphorn reprend les pistes sur le terrain et dans sa mémoire, cherchant les indices à partir de fragments épars et minuscules, reconstituant à partir de souvenirs la cosmogonie zuni. Cecil, frère cadet de George fournira au lieutenant quelques bribes. Shorty, le père alcoolique des deux enfants ne sera d’aucun secours d’autant qu’il sera retrouvé mort, assassiné à son tour. La logique de Leaphorn est mise à mal car le mobile et l’intéressé lui échappent. Il s’approche d’une communauté hippie, d’un archéologue fouillant à proximité du Pueblo Zuni. Parallèlement, le FBI soupçonne un important trafic de drogues et interfère dans l’enquête des meurtres et de la disparition. Le meurtrier rôde, agit dans l’ombre, sous un masque et frappe inexorablement.
Si la religion des Zunis demeure absconse au profane et quelque peu ennuyeuse par manque de repère lors du déroulement de l’enquête policière, elle est néanmoins très bien instillée et le roman de Tony Hillerman (1925-2008) se révèle captivant, le lieutenant Joseph Leaphorn créant une forte empathie. Le suspense est présent, tendu comme un arc prêt à décocher une flèche mortelle, chargé comme un fusil hypodermique prêt à paralyser toute proie saisie dans le périmètre du tueur. Le croisement des pistes ne dilue pas l’intrigue dénouée par un limier Navajo au fait des coutumes indiennes et doté d’une logique cartésienne. Paru aux Etats-Unis en 1973, publié en France en 1986, le roman ethnologique est le second de la trilogie Joe Leaphorn, après « La Voie de l’ennemi » (1970) et avant « Femme qui écoute » (1978). Une carte et un glossaire utiles complètent l’édition française dont la couverture met en avant par erreur un tipi des Indiens des plaines bien loin de l’habitat troglodyte des Indiens Pueblos ou du hogan de bois et d’argile des Navajos.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]
Afficher toutes les notes de lectures pour ce livre