Carlos Liscano est un écrivain uruguayen qui a été torturé et a fait 13 ans de prison dans son pays pour avoir été un "tupamaros", ces militants révolutionnaires dans les années 70. Il a commencé à écrire en prison puis il a continué de le faire en Suède, le pays où il a choisi d'émigrer à sa sortie de prison. Il a publié plusieurs romans et nouvelles. Lorsqu'il commence ce livre, une sorte de journal de bord de son activité d'écrivain, il est de retour à Montevideo, la capital de l'Uruguay et il raconte qu'il n'arrive plus à écrire. Peu à peu, Liscano nous dévoile les ressorts intime de sa démarche d'écrivain. Il nous explique que l'écrivain est double : il y a d'une part ce personnage, "inventé", qui est l'écrivain, quelqu'un qui ne regarde pas le monde comme les autres, et d'autre part "l'autre" celui qui, un jour, a eue cette idée étrange d'inventer l'écrivain qu'il voulait devenir, et qui lui est "comme les autres" et qui rêve d'une vie "ordinaire", avec une famille à aimer, des amis avec qui sortir, etc. La cohabitation entre ces deux êtres est difficile. Liscano oscille entre des anecdotes de sa vie d'autrefois (son enfance, la prison, la Suède) et quelques moments de sa vie très solitaire d'aujourd'hui. Je n'ai jamais lu un texte où l'écrivain se met aussi à nu et trouve des phrases aussi belles, aussi déchirantes pour nous dire sa quête de ce qu'on peut appeler la Littérature, en se refusant l'espoir d'égaliser ses "maîtres" (qu'il ne cite pas mais on peut les imaginer), tout en gardant celui de faire œuvre littéraire. Cela donne bien-sûr envie de lire d'autre livres de lui.
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