Tracy Lawless pensait sortir du trou pourri qu’il occupait dans la vie civile en endossant l’uniforme alors qu’il vient de recouvrer la liberté après dix-huit mois de mise à l’ombre dans une cellule militaire. A sa sortie de prison, il apprend la mort de son frère Rick enterré depuis des mois. Se sentant coupable de n’avoir jamais su soutenir son jeune frère et lui dire qu’il l’aimait, Tracy veut faire la lumière sur cette sombre disparition mais Rick était un criminel violent et cynique. Pour obtenir le fin mot de l’histoire, Tracy intègre la bande de son frère en devenant chauffeur puis amant de la sombre Mallory précédemment amoureuse de Rick. Un casse se prépare mais alors que tout devrait rouler sur un billard, les rouages se grippent, la fièvre monte et les vivants, à l’agonie, râlent.
Conçu sur un bâti similaire au premier opus, le deuxième tome déroule une histoire noire et tragique où toutes les issues semblent irrémédiablement closes. Violentés par un père gangster, les deux frères ont déployé des stratégies de survie différentes. Tracy s’est caparaçonné en développant une musculature d’athlète et une froide détermination. Rick, que la violence paternelle révulsait et fascinait a fini par déployer un comportement limite où la brutalité et la cruauté ont supplanté une sensibilité exacerbée. Toujours superbement écrite, l’histoire est mise en image avec une grande réussite, scénariste et dessinateur travaillant en osmose dans une complémentarité éblouissante. Bien que ce second volume soit un léger cran en-dessous du tome ouvrant la série, Léo était davantage poignant, suscitant une irrépressible empathie chez le lecteur, Tracy Lawless demeure un personnage attachant, monolithique de prime abord, lézardé au tréfonds de l’âme après coup.
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