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[La mémoire est une chienne indocile | Elliot Perlman]
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ingannmic



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Localisation: Mérignac


Posté: Mar 18 Aoû 2015 13:43
MessageSujet du message: [La mémoire est une chienne indocile | Elliot Perlman]
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas été à la fois aussi profondément émue et passionnée par une lecture... (la dernière fois remonte sans doute à celle de Confiteor).

Les thèmes abordés par Elliot Perlman ne sont pourtant pas inédits. Mais sa façon de le faire, sous forme de roman kaléidoscope, mêlant époques, lieux et personnages, et surtout le message qu'il lui permet de porter, font de "La mémoire est une chienne indocile", un texte justement mémorable...

Au fil d'un incessant va-et-vient qui nous fait voyager entre passé et présent, d'Auschwitz à Manhattan, de Cracovie à Chicago, l'auteur nous fait entendre des témoins et victimes de la barbarie et de l'intolérance telles qu'elle se sont exprimées, au XXème siècle, sous les formes les plus terribles et les plus inacceptables. Il le fait par l'intermédiaire de personnages qui endossent ainsi la responsabilité de transmettre ces témoignages.

Lamont Williams sort de prison après avoir purgé une peine injustifiée. Il retourne vivre dans le Bronx, chez la grand-mère qui l'a élevé. Dans le cadre d'un programme de réinsertion, il fait des ménages dans un centre de cancérologie, espérant ainsi accéder à une stabilité financière et sociale qui lui permettra de retrouver sa fille, qu'il n'a pas vue depuis plusieurs années. C'est là qu'il rencontre une vieil homme qu'il aide à regagner sa chambre. Henryk Mandelbrot, juif polonais, fut Sonderkommando à Auschwitz. A ce titre, il était chargé de "nettoyer" les fours crématoires de leurs cadavres. Trouvant en Lamont une oreille neuve et attentive, il lui raconte le ghetto, les camps, l'horreur...

Adam Zignelik est quant à lui professeur d'histoire à Columbia. Un professeur qui, faute de publication récente ou à venir, est sur la sellette, et le fait que son meilleur ami Charles McGray soit le directeur du département d'histoire n'y changera rien. Perturbé par cet échec professionnel, mais aussi par des failles plus anciennes et plus profondes -l'absence d'un père davantage impliqué dans sa mission de juriste des droits civiques que dans son rôle de père pour un garçon que suite à leur séparation, sa mère avait ramené dans sa natale Australie-, il quitte sa compagne, qu'il aime encore, mais dont il se sent incapable de satisfaire l'envie de maternité. Il accepte, à la demande du père de son ami Charles, de mener des recherches concernant la participation de soldats noirs à la libération des camps, fait occulté, et même dissimulé, par une administration militaire à la mémoire sélective... C'est par ce biais qu'il découvre le travail d'Henry Border, psychologue à Chicago dans les années quarante, qui dans le cadre d'une étude sur le langage des personnes déplacées, enregistra le témoignage de survivants tout juste sortis des camps.

Lamont et Adam sont ainsi, en quelque sorte, les portes qu'utilise Elliot Perlman pour nous faire entrer dans sa fresque composée d'un savant mélange d'anecdotes historiques et de destins personnels, ...

Le fil rouge qui lie les différents éléments du puzzle se mettant peu en peu en place, est un impératif double. Celui de la reconnaissance des oubliés de l'histoire, par la prise de conscience des souffrances individuelles qui se cachent derrière les tragédies collectives, mais aussi par la réhabilitation de ceux que l'on a, par volonté politique ou arrangement idéologique, "gommés" des archives et des témoignages...
Et celui de la transmission, pour ne pas oublier, et surtout pour garder à l'esprit qu'en matière de combat contre la barbarie et l'injustice, rien n'est jamais définitivement acquis, et qu'il relève de la responsabilité de chacun de ne pas minimiser le danger qu'ils représentent. Car en faisant se répondre le passé et le présent, l'auteur démontre que les spectres de la ségrégation et de la haine ne sont jamais bien loin, et qu'il est indispensable de rester vigilant face à toute manifestation de ces fléaux.
A quoi bon les luttes et l'engagement des pères, à quoi bon la connaissance de l'Histoire, si les fils n'en tirent aucune leçon ?

Elliot Perlman, avec ce roman intelligent à la construction impeccable, parvient à nous tenir en haleine de bout en bout...

A lire, évidemment !

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