Poète, écrivain et enseignant d’histoire géographie maintenant retraité, Guy Féquant, né en 1949 en Champagne-Ardennes, déplie ses compas de marcheur sur la boule terrestre, à la recherche de lieux vibrants et habités, formulant ses vues et ses humeurs dans un style fluide, aéré et nourri aux textes antiques et cosmiques à l’exemple de ceux de Saint-John Perse auquel il a consacré un essai. L’avant-dernière phrase du discours de réception du poète nobélisé en 1960 est mise en exergue et donne le titre de l’ouvrage.
« La lampe d’argile » publié en 1992 rassemble en 73 pages souvent émouvantes des proses poétiques et des vers libres tirées du carnet de marcheur de Guy Féquant. Les connaissances ornithologiques de l’auteur s’y déploient en majesté. Trois courts chapitres composent le recueil : « Régions cardinales » ; « Dits de morte saison » ; « Hautes épousailles ». Le premier texte de quatre pages ouvrant le recueil intitulé « Marcher dans l’aurore du monde » introduit une pensée en mouvement, rythmée par la marche et fécondée par les rencontres que l’écriture transcende. Des idées maîtresses s’énoncent au détour d’une phrase : « L’aliénation moderne… étend ses ravages parce qu’elle s’acharne contre le Sacré et contre les grands espaces où l’homme en recevait la révélation. C’est une déchéance d’ordre métaphysique… la liberté a cessé d’être une étoile ». La page suivante, on peut encore lire un principe élémentaire devenu inaccessible : « […] simplement revendiquer, comme cadre et support de la liberté intellectuelle, une liberté sensitive qui exige une certaine paix, un certain vide, une certaine harmonie des lointains que l’on voudrait atteindre avant la nuit ». Dans ce texte inaugural, crépusculaire et souvent poignant, des bribes de phrases irradient : « […] l’océan d’herbe que le suroît moire et creuse ». La phrase, simple et balancée est faite de mots précis qui restituent au plus près la vision du piéton céleste. Le texte ultime intitulé « La lampe d’argile » revient sur l’objet symbolique « à la fois lumière et terre cuite, vie et mort ». Les autres textes, proses densifiées en aphorismes et poèmes ramassés, possèdent tous des gemmes irisées à tenir au creux de la main comme viatique pour le voyage, chaque lecteur y puisant sa provende.
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