"Speed Queen" m'a fait penser à un autre roman de Stewart O'Nan : "Le pays des ténèbres". Parce que ces deux titres décrivent la même Amérique. Celle qui, prise d'une frénésie visant à combler un vague désœuvrement, se jette avec inconscience dans une surconsommation de soi-disant plaisirs, dont on retire des sensations aussi violentes qu'éphémères.
Marjorie en est une digne représentante. Elle aime la vitesse -les fast-foods, les bolides- et les plaisirs intenses mais fugaces que lui procurent la drogue. Marjorie boit beaucoup, aussi. Même dans les snacks ou les stations service où elle enchaîne les petits boulots, elle ne peut s'empêcher de cacher une bouteille dans quelque endroit stratégique...
Mais tout ça, c'était avant. Marjorie, pour l'heure, est en prison. Et pas pour une broutille, puisqu'elle est condamnée à mort. Sauf si son avocat parvient à obtenir un énième report, son exécution est programmée dans quelques heures. En attendant, elle répond, sur un enregistrement, aux questions que lui a posées, par lettre, l'auteur qu'elle admire depuis toujours : Stephen King ; l'écrivain va écrire un roman s'inspirant de son histoire.
Il a pour cela besoin de précisions sur la vie de Marjorie, et sur l'enchainement des événements qui ont abouti à son triste sort. Il en résulte un long monologue, au cours duquel la jeune femme revient sur sa rencontre avec Lamont, dont elle aura un petit garçon, sur ses addictions, sur le manque d'argent qui les a menés peu à peu au crime... Sur tous les mauvais chemins que son enfance sans histoire ne la prédisposait pourtant pas à emprunter, mais qu'elle a pris visiblement sans regrets.
S'exprimant avec familiarité et maladresse, elle déroule les étapes de son existence avec une sorte de froide insouciance qui fait froid dans le dos, rien -ni même la mort qui approche- ne semblant avoir pour elle de réelle importance. Son récit est dévidé de manière hachée, émaillé d'une multitudes de termes relatifs aux fast-cars, aux fast-foods.
C'est très progressivement que nous découvrons tous les éléments de l'intrigue, et je dois avouer que j'ai parfois trouvé que le chemin était long... Peut-être en raison de l'apathie émotionnelle dont semble atteinte l'héroïne. Aussi, malgré une thématique propre à éveiller mon intérêt et une manière originale de dérouler la narration, "Speed Queen" ne me laissera pas un souvenir mémorable...
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