Revenir en piqué vingt-cinq ans en arrière lorsque parut le numéro double de La Hulotte consacré à la vie et à la mort du Faucon pèlerin pour prendre un nouvel essor avec le mythique rapace revenu nicher aujourd’hui sur quelques précieuses falaises, c’est goûter un plaisir extrême et assister peut-être à ses chasses, « un des spectacles les plus renouvelés et les plus passionnants du monde ». Une belle illustration azuréenne montre l’oiseau « bombe » qui se déploie en 1re et 4e de couverture comme si le fascicule s’ouvrait pour un envol émerveillé. La suite n’est plus que vagabondage studieux. Les illustrations de Pierre Déom, pleinement maître de son œuvre, sont magnifiques. Son dessin à la plume sidère par la précision et la beauté. Il n’hésite pas à représenter des arbres morts, des bords de falaise avec une virtuosité ébouriffante. De la taille d’un corbeau, pesant un kilo, le faucon, doté de serres recourbées et tranchantes ainsi que de pelotes élastiques fixées sur les métatarses ne laissera pas s’échapper un oiseau saisi en plein vol. Ses grands yeux noirs perçants lui permettent de détecter un pigeon à six kilomètres de distance quel que soit le fond sur lequel l’oiseau évolue. Ses attaques foudroyantes en piqué selon un angle oblique lui valent le titre d’oiseau le plus rapide au monde, autour de 200 km/h en moyenne bien qu’un record ait été enregistré à 389 km/h. Toutefois, neuf fois sur dix, l’attaque échoue. Les proies visées semblent toutes présélectionnées par le faucon qui perçoit une défaillance passagère chez l’oiseau pris dans le collimateur. Pigeons, corbeaux, alouettes, grives, geais, pinsons, étourneaux représentent le menu de base du pèlerin. Des oiseaux tels l’hirondelle ou le vanneau sont hors de portée du fait de leurs vols brisés.
Pierre Déom réalise des illustrations pleine page avec un luxe de détails parfaitement reliés entre eux qu’un léger cerne délimite et que des aplats noirs structurent. L’illustrateur s’est particulièrement appliqué à travailler l’œil du pèlerin et le rendu est saisissant. Le précieux fascicule de La Hulotte est un viatique pour le naturaliste en herbe. Tel un écrit d’alchimiste, il peut transformer le plomb des semelles en faisant pousser des ailettes d’or aux chevilles des futurs ornithologues.
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