A 29 ans, Dough Parker est terrassé par la mort accidentelle de sa femme : « J’avais une femme. Elle s’appelait Hailey. Aujourd’hui, elle est morte. Et je suis mort aussi ». Fuyant le monde, s’abîmant dans l’alcool, tenant un blog à succès sur la manière de parler à un veuf (« How to talk to a Widower », titre d’origine), Dough est asocial et acerbe. S’apitoyant sans cesse sur son malheur, rien ne trouve grâce à ses yeux. Tous les travers humains lui apparaissent insupportables. Malgré sa misanthropie exacerbée, Russ, le fils de Hailey, Claire, la sœur jumelle de Dough mais aussi ses parents, ses amis, sa voisine, Laney Potter, pleine de compassion et de désir : « Dépêche-toi » me lance-t-elle d’une voix dégoulinante de sexe… » et enfin la belle et triste Brooke Hayes, conseillère d’éducation de Russ, vont le tirer progressivement de son deuil.
Le roman de Jonathan Tropper se lit agréablement même et surtout si le propos est sombre car l’écrivain sait construire des dialogues percutants et peaufiner des répliques définitives. Il marie à merveille le comique de situation et la tragédie de la vie (voir la scène du mariage de Debbie, deuxième sœur de Dough). Pourtant, le livre est un peu lent à décoller. Il atteint les hautes couches stratosphériques au chapitre 26 lors du monologue de Sabrina Barclay, célibataire cherchant à être séduite par Dough Parker. Les six pages sont hilarantes et pathétiques, sonnant à l’unisson les cloches et le tocsin. La deuxième moitié du livre n’est plus alors que pur sucre d’orge. L’ultime phrase est sobrement magnifique : « Nous ouvrons nos portières en même temps et sortons dans le vent ». N’est-ce pas ainsi que nous sommes tous, une fumée légère que le temps balaie ?
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