[100 bullets. 5, 100 balles pour un privé | Brian Azzarello ; Eduardo Risso]
Le détective privé Milo Garret l’a mauvaise surtout depuis son accident de voiture alors qu’il s’est mangé son pare-brise feuilleté en pleine poire. Le visage couvert de bandelettes, il cherche à comprendre d’où vient le coup fourré. La visite de l’agent Graves dans sa chambre d’hôpital, avec les preuves accusant son assassin, ne fait que conforter ses intuitions. Délaissant la solution clé en main de Graves, le privé préfère la jouer solo mais il ne sait pas encore qu’il s’attaque à bien plus gros que lui, le Trust et les Minutemen. Appelé par un client, Milo va au rendez-vous pour le découvrir exécuté d’une balle en pleine tête. Milo a croisé au préalable un homme massif, intrigant, fringué d’une chemise échancrée sous l’épais blouson de cuir noir, le cigare vissé au coin du bec. Il s’agit du Minuteman appelé Lono, un coriace caparaçonné que rien ne semble devoir effrayer.
Entièrement centré sur l’enquête de Milo Garret, le 5e opus de la série surprend par sa chute létale. Les poncifs du genre que Raymond Chandler a mythifiés s’agencent magistralement. Alors que les pistes s’emmêlent, le fil narratif n’est jamais rompu et le lecteur suit l’imbroglio sans se perdre ni même se lasser. Il faut reconnaître que l’intérêt majeur repose sur le découpage, les cadrages, le graphisme habité d’Eduardo Risso. Ses femmes fatales laissent éclater à chaque apparition leur vénéneuse sensualité. L’expression des visages est stupéfiante. Par des échanges de regards biaisés, la tension s’exacerbe quand les personnages révèlent la complexité de leur psychologie. La mise en couleur illuminée par les fonds noirs est une totale réussite. Urban Comics, la filiale de Dargaud a repris bien haut le flambeau des rééditions de « 100 Bullets », sous couverture cartonnée alors que précédemment les éditeurs Soleil (2 premiers volumes édités), Semic (2 premiers tomes publiés), Panini Comics (14 volumes au compteur) s’étaient cassés les dents sur 100 Bullets. La série n’est pas sans rappeler celle de Frank Miller « Sin City » « où quelques flaques de lumière ne font que mieux accuser la superficie des noirceurs ».
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