[100 bullets. 4, Le blues du prince rouge | Brian Azzarello ; Eduardo Risso]
Hank Kowalski ne peut que se défaire aux cartes face au jeune Benito Medici et le Casino Hotel ne lui fait pas crédit. Sa femme se meurt et ses médicaments coûtent cher mais Hank est un joueur invétéré. Il va chercher à récupérer tout son argent perdu mais Benito aime les paris risqués, aux frais de Hank. Tout en haut du même building, treize personnes commanditées par les treize familles composant le Trust qui dirige en coulisse la marche du monde depuis des siècles se sont réunies pour statuer à propos des sept Minutemen recrutés et formés par l’agent Graves, des anciens miliciens apparemment disloqués que Graves retrouvent et réveillent à la démesure de son projet. L’agent Graves a désobéi au Trust en refusant la mission qui consistait à réaliser le plus grand crime de l’histoire de l’humanité. Sa tête doit tomber mais l’homme a son propre réseau. Il n’hésitera pas à éliminer Daniel Peres, un des membres du Trust, au nez et à la barbe de la terrible confrérie.
Et puis il y a les poteaux du bar d’un bled perdu, Dan, Wylie, Hopper menés par les bons coups à faire, à boire ou à tirer. La glande est l’idéal, boire des bières et mater la téloche, en faire le moins possible. Alors, lorsqu’Eightball leur propose un business cool, convoyer depuis Juarez au Mexique une marchandise dont ils ignorent la teneur, les potes d’un soir embrayent. Au Motel Sleepy Town, la belle, énigmatique et langoureuse Dizzy est chargée par Shepherd, l’agent de liaison du Trust, d’approcher Hopper mais il semble y avoir erreur sur la personne. Hopper n’est pas un Minuteman, en apparence du moins.
Le quatrième opus de 100 Bullets regorge de coups fourrés et de traquenards, du Trust à Graves, de Dizzy à Shepherd. Le scénario multiplie les pistes sans pour autant les relier à coup sûr. Le découpage joue sur la temporalité et la géographie, passant d’un lieu à l’autre avec des histoires en parallèle dont le dénouement coïncide souvent par une mise à mort parfois fortuite. Sans cesse inventif, le graphisme d’Eduardo Risso est un régal visuel permanent. Les cadrages cinématographiques accentuent au mieux les effets. Les femmes fatales jouent avec les apparences, conservant leur mystère jusqu’à une explosion, révélatrice d’une force et d’une détermination exceptionnelles. La sensualité de Dizzy éclate à chaque apparition. Le lecteur ébloui par le magnifique clair-obscur ourdi par le dessinateur argentin est embarqué et roule à tombereau ouvert jusqu’à l’inévitable, douloureux et délectable crash.
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