Un pamphlet contre la pornographie.
J'ai attendu successivement :
- un discours sur la société et sa nature pornographique (non sur la pornographie) - inspiré par Dany-Robert Dufour, à qui un hommage chaleureux est rendu dans la seconde note de bas de page. Mais j'ai été déçu.
- une précision historique sur le passage de la révolution sexuelle (années 60-70) à l'industrie pornographique post-années 80 et sur la façon dont celle-ci a trahi celle-là. Absente.
- une démonstrations sur les dégâts psychologiques que la pornographie provoque à ses consommateurs (effectivement difficile hors cadre clinique, mais sait-on jamais...) ou au moins à ses travailleurs (là, par contre, une enquête de terrain eût suffi). Niet.
- un soubresaut du dix-huitièmiste qui nous aurait remis Sade en contexte ou en aurait exposé la modernité (moi, j'aime bien Sade). Nada.
- a minima une distinction sérieuse, littéraire, précise, circonstanciée de la différence toujours évoquée entre érotisme (loué) et pornographie (honnie) hormis le jugement (subjectif) sur la richesse de l'expression langagière. (Problème, en effet : pour moi, Sade, c'est bel et bien du porno, quand même). Nihil.

Il reste un style agréable (mais sans plus), qui alterne le dialogue imaginaire, un monologue tiré d'un film X et d'autres figures de prose diverses, et une petite idée :

"L'individu pornographique est la négation même du sujet libre. Mais toute la ruse est de lui faire croire le contraire. En cela, la pornographie est le révélateur parfait de l'état présent de notre société, acharnée à faire croire qu'elle construit des individus, alors qu'elle ne se préoccupe que d'avoir des consommateurs [...]" (p. 40)

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Cet essai, il ne te reste plus qu'à l'écrire ! Cela s'impose !

Ahahaha ! Effectivement, dès que j'ai écrit cette "anti-note" (ce que le livre ne contient pas...), je me suis dit : "En fait, je tiens là un plan de recherche pratiquement tout prêt". Mais naturellement ça ne veut pas dire que je sois intéressé ou capable de la conduire moi-même.
D'autre part, songeant toujours à l'occasion solennelle où l'on me fit remarquer combien il est facile de démolir le travail de quelqu'un d'autre en imaginant dans sa petite tête comment on l'aurait effectué soi-même, j'ai éprouvé un certain regret pour mes propos. Si Brighelli, qui a sans doute bien mieux à faire, se penchait sur mes phrases, il aurait raison de s'en offusquer et de me lancer le défi.
Mais le clin d’œil de ton émoticône est indulgent et bienveillant, je le sais et je te remercie pour le rappel à l'humilité.