[Beauté fatale : les nouveaux visages d'une aliénation féminine | Mona Chollet]
De l'image de la femme à l'époque et sous la domination du consumérisme. Il s'agit donc d'un essai sur la beauté comme représentation, c'est-à-dire d'une étude sur l'iconographie de la féminité, mené dans une démarche journalistique (et le style s'en ressent), pourtant bien documenté (références nombreuses et diverses, même littéraires, une très bonne actualité des sources anglo-saxonnes avec cependant une cit. fréquente de Naomi Wolf,
The Beauty Myth [1991] qui est peut-être un peu daté malgré la rééd.), qui peut prêter le flanc à la critique concernant tout essai sur les représentations : quel est leur impact sur la praxis, autant sociologiquement (au niveau collectif) que psychologiquement (au niveau individuel) ? En d'autres termes, et à la limite de la caricature, combien l'aliénation du mannequin anorexique se reflète-t-il chez chacune ? Peut-on mesurer combien celle-ci et nous tous sommes effectivement sous le joug de celle-là et ce que cela représente (après en avoir dévoilé la signification) ?
L'incipit pose la question, le développement ne peut pourtant pas dépasser le stade axiomatique :
"Ecrire un livre pour critiquer le désir de beauté ? "Il n'y a pas de mal à vouloir être belle !", m'a-t-on parfois objecté [...] Non, en effet : ce désir, je souhaite même le défendre [...]. Le problème, c'est que dire cela à une femme aujourd'hui revient un peu à dire à un alcoolique au bord du coma éthylique qu'un petit verre de temps en temps n'a jamais fait de mal à personne." (p. 5)
Ier ch: "Et les vaches seront bien gardées. L'injonction à la féminité" - Permanence et détérioration du partage des rôles de genre ; la beauté = féminité comme injonction (domination) ; "la dévalorisation systématique de leur physique que l'on encourage chez les femmes, l'anxiété et l'insatisfaction permanentes au sujet de leur corps, leur soumission à des normes toujours plus strictes et donc inatteignables" (p. 28) ; ce "
backlash" comme instrument de marketing.
Ch. II: "Un héritage embarrassant, interlude sur l'ambivalence" - repli des femmes sur l'intériorité du foyer et des satisfactions strictement individualistes et consuméristes comme réponse à "notre époque dévorée d'angoisse - entre crise écologique, souffrance au travail et peur du chômage" (p. 59).
Ch. III: "Le triomphe des otaries. Les prétentions culturelles du complexe mode-beauté" - "L'emprise croissante exercée sur la sphère culturelle par la mode, la publicité, la consommation qui la vident de tout contenu pour lui imposer leur logique et leurs impératifs, en même temps qu'elles font valoir leur prétention à accéder elles-mêmes au rang de culture" (p. 16) ; et comme effet collatéral : "la réduction drastique des modèles identificatoires offerts aux femmes, et l'indigence de ceux qui subsistent." (p. 79).
Ch. IV: "Une femme disparaît. L'obsession de la minceur, un "désordre culturel"" - où le physique anorexique des mannequins est lu comme impératif contradictoire par rapport au corps et comme métaphore de la femme qui "ne prend pas de place".
Ch. V: "La fiancée de Frankenstein. Culte du corps ou haine du corps ?" - suite et généralisation du précédent, en introduisant quelques aspects psychologiques, notamment le "piège de l'homologation" (p. 158) et la réfutation de la prétendue "liberté de choix" (épilation intime, chirurgie esthétique, etc.)
Ch. VI: "Comment peut-on ne pas être blanche ? Derrière les odes à la "diversité"" - recul dans la représentation de la diversité ethnique et morphologique dans la mode à partir des années 2000.
Ch. VII: "Le soliloque du dominant. La féminité comme domination" - retour sur la dialectique femme-sujet vs. femme-objet en particulier dans l'actualité médiatique.
----
[Recherchez la page de l'auteur de ce livre sur
Wikipedia]