De la quatrième de couverture :
"Au printemps 1889, le chef d'une puissante tribu kurde, Moussa bek, lançait ses hommes à l'assaut du village de Khartz, dans la plaine de Mouch, au coeur de l'Arménie historique. Une adolescente, Gulizar, est enlevée, séquestrée dans un harem et convertie à l'islam.
Cet épisode banal dans une province orientale de l'Empire ottoman deviendra une "affaire" jusque dans les rapports diplomatiques occidentaux lorsque Gulizar, surmontant ses peurs et sa honte, viendra à Constantinople accuser Moussa bek et affirmer devant les tribunaux ottomans son identité arménienne. A terme ce procès servira de détonateur pour les mouvements d'émancipation des minorités chrétiennes de l'Empire. [...]"
Attiré par cette histoire de rapt parce que j'en connais une analogue, perpétrée presque exactement cent ans plus tard, dans une région voisine, toujours par un agha kurde au détriment d'une adolescente chrétienne - ce qui porterait à croire que les relations entre ces deux minorités en territoire ottoman-turc n'ont pas beaucoup changé malgré cent ans d'une histoire très mouvementée - j'ai appris surtout quelques nouvelles facettes de la "question arménienne" qui culminerait dans le génocide.
- L'internationalisation qu'elle prit à cause d'une série de coïncidences liées à la guerre de Crimée, allant bien au-delà de l'équilibre des puissances recherché par les chancelleries russe, ottomane et britannique ;
- La réelle incapacité de l'administration ottomane de faire face au banditisme (pillages, mises à sac, exactions diverses pas spécialement dirigées contre la paysannerie chrétienne) des clans kurdes, qui provoqua peut-être en partie la décision néfaste de s'appuyer finalement sur ces derniers contre les Arméniens - notamment par les régiments des Hamidiyés ;
- L'organisation politique armée de groupes indépendantistes arméniens, souvent fomentés par le Caucase, dès les années 1860, qui constituèrent une menace de plus en plus forte à l'intégrité territoriale de l'Empire ;
- La désolidarisation de la bourgeoisie arménienne de Constantinople vis-à-vis des Arméniens des provinces orientales, principalement agriculteurs et parfois petits artisans, qui versaient dans un état épouvantable d'arriération matérielle et culturelle ;
- La prégnance des aspects inter-"nationaux", aujourd'hui nous dirions inter-communautaires qu'eurent les réformes des Tanzimat et les précoces expériences constitutionnelles impériales.
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