Macias Möll est un horloger paralytique qui met un soin particulier à démonter, réparer, nettoyer, remonter les précieux et minuscules mécanismes qui le fascinent.
L'autre passion de Macias est la course contre le temps, celle à laquelle il participe chaque fin d'après-midi aux commandes de son fauteuil roulant, et dans lequel il dévale toujours la même pente, avec pour objectif de passer sous la barre des douze secondes. Acclamé par les enfants qui assistent, enthousiastes et excités, à l'impressionnante descente, il attend chaque jour ce moment avec une fébrile impatience.
Mais de funestes événements viennent assombrir la joie que lui procure ce passe-temps (!) : de manière énigmatique et soudaine, des disparitions d'enfants surviennent à chaque nouveau record que bat Macias.
Les parents des victimes montent une association dont Macias est malgré lui désigné comme le principal représentant. Il se retrouve aisni au centre d'une agitation qui contrarie sa bien-aimée routine.
L'horloger vit en effet comme en décalage avec la société qui l'entoure. Il donne l'impression de vivre dans un monde à part, où se fondraient présent, passé et futur, où seule importe la réalité indéniable, universelle et éternelle du temps qui, inexorablement, s'écoule. Sans doute est-ce pour cela que Macias aime tant les enfants qui vivent sans se préoccuper du passé ou de l'avenir, ancrés dans l'instant sans cesse renouvelé.
La contemporanéité n'a à ses yeux aucune importance, et n'a aucune prise sur lui : il est totalement indifférent au contexte de la société dans laquelle il vit.
Avec une attitude faussement naïve, il méprise l'absurdité de la politique, la bêtise des médias, l'incompétence de la police, qui au cours de l'enquête sur les disparitions à la fois s'agite et piétine, comme engluée dans un immobilisme que Macias, intimement en osmose avec le mouvement perpétuel du temps qui passe, ne peut que considérer avec dédain.
"Les enfants disparaissent" est baigné d'une atmosphère subtilement étrange, qui suscite un certain malaise. Sous ses allures de fable absurde, ce roman évoque une Histoire douloureuse, sans jamais la nommer, celle de la « guerre sale » menée pendant la Dictature militaire du général Videla, dont le macabre bilan fait état de 30 000 victimes.
Mais j'ai aussi eu le sentiment que le récit de Gabriel Báñez nous ramène à une évidence immuable et universelle : celle de la disparition inévitable, pour tout individu, de ce temps béni -car c'est celui de tous les possibles- qu'est l'enfance...
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