Après avoir savouré, il y a quelques mois, les péripéties de la sulfureuse et pétulante Tieta, je me suis plongée dans "Dona Flor et ses deux maris" avec un a priori plus que positif...
Et j'y ai bien retrouvé certains des éléments qui avaient fait de ma lecture un moment de réelle réjouissance !
Ici aussi, Jorge Amado anime sous nos yeux un monde riche de couleurs et d'odeurs, de cris et de musique, d'épisodes cocasses. Il met en scène une galerie de personnages haut en couleurs, que l'on suit durant toute une décennie, au gré des flash backs et des anecdotes qu'éveillent en Dona Flor le souvenir de son premier mari, et l'évocation de son existence avec le second.
Si Dona Flor se remarie, c'est parce qu'elle est veuve. Veuve de Vadinho, un joueur impénitent qui dilapidait toutes ses économies, beau parleur aux vaines promesses, aux multiples aventures féminines, et dont l'alcool rendait à l'occasion la main leste... Mais Vadinho était aussi un séducteur au charme irrésistible, un homme rusé mais espiègle, qui faisait des prouesses au lit et qui surtout, en dépit de tous ses travers, éprouvait pour Flor un amour sincère et profond.
Cette dernière est par conséquent fortement affectée par la mort brutale de l'époux terrible, en plein carnaval. Sa respectable apparence de veuve cache les embrasements nocturnes et la torture que lui infligent les réminiscences de ses ébats avec Valdinho.
Autant son premier mari était joyeux, inconvenant, menteur, autant le second est calme, respectueux des conventions, soigné... Le pharmacien Teodoro pratique l'amour à heures fixes, ne prononce jamais un mot plus haut que l'autre, et bénéficie d'une situation confortable. Il apporte à Flor la paix, la sécurité, et l'ordre. Ceci dit, elle l'épouse non par nécessité financière ou morale (l'école de cuisine qu'elle a montée grâce à ses talents de cuisinière lui permet de vivre correctement), mais parce que son corps appelle désespérément la présence d'u autre corps, et que sa jeunesse ne peut se contenter de solitude... Seulement, si elle apprécie la correction, l'intelligence de son deuxième époux, ainsi que la sérénité que lui apporte sa nouvelle vie, il lui manque quelque chose...
J'aime le ton de Jorge Amado, son style à la fois riche et facétieux, sa façon d'inviter le surnaturel dans ses récits. Il est facile de se laisser immerger dans ses univers grouillants, bruyants, d'imaginer les ruelles où se colportent les ragots des commères, les salles de jeux où de joyeux drilles jouent leurs dernières économies en faisant de l’œil aux filles appétissantes et impudiques...
J'ai aimé également le personnage de Dona Flor, qui impose dans cet univers masochiste et rétrograde (le roman a été écrit dans les années 60) son image de femme certes séduisante, conciliante, et respectueuse des conventions, mais aussi indépendante et volontaire.
Mais j'ai malgré tout peiné à m'impliquer jusqu'au bout dans ce récit qui souffre de longueurs et de redondances. Je crois que, dégraissé d'une bonne centaine de pages, je l'aurais trouvé parfait !!
Dommage...
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