Ce livre est l'autobiographie fictionnelle de Guillaume Postel, l'érudit du XVIe s. dont le nom est associé à la "kabbale chrétienne" et à sa maîtrise des langues orientales. Sa vie faite d'errance (entre Paris, Venise, Constantinople, Rome, Vienne et Jérusalem), de bannissements et d'ostracisme, d'enseignement, de recherche d'ouvrages rares, d'amitiés avec les éditeurs-libraires célèbres, d'une intense activité d'écriture, de maille à partir avec l'Inquisition rappelle celle de Giordano Bruno. Ces hommes de la Renaissance, clercs savants, étaient animés par une même démarche nouvelle de recherche et de mise en question humaine, humaniste et critique du christianisme et de la "Summa" du savoir accumulés jusqu'à leurs jours. En particulier, la quête de Postel portait sur les premiers Évangiles apocryphes, c'est-à-dire sur la "véritable" figure de Jésus ; sa chimère, sur une sorte d’œcuménisme avant la lettre à même de réunir les trois religions du Livre sous la couronne de François Ier (le roi, s'entend).
A l'heure de la Réforme et des guerres de religion qui forcèrent l’Église dans ses retranchements les plus intolérants et oppressifs, ces hommes d’Église, qui se trouvaient dans une position position d'entre-deux à son seuil et que ne pouvaient satisfaire ni catholicisme ni protestantisme féroces et sectaires, payèrent le prix fort de la modernité d'un nouveau statut d'intellectuel qui surgit de leurs biographies, de façon presque prophétique. En contrepartie, celles-ci sont auréolées d'un mythe quasi immortel : celui de Bruno, donc, et de Pic de la Mirandole, de John Dee, de Pierre Ramus, de la cour de Rodolphe II... des noms où le génie et la science (au sens étymologique) se mêlent à des relents d'ésotérisme, d'hérésie ainsi que de sulfureuses alchimies...
Tous les ingrédients d'un bon roman historique bien documenté sont là pour rendre cette lecture agréable et fluide, y compris une histoire d'amour bien ficelée.
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